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ments convulsifs : lorsqu’on met à nu les troncs nerveux de la face et qu’on les irrite, on ne donne pas lieu aux convulsions que l’on produit au contraire en pinçant la peau elle-même. Il se produit même dans ces cas un phénomène plus curieux encore : si l’on dissèque chez les animaux dont nous parlons, la peau de la face, de manière à ne la laisser adhérente que par l’intermédiaire du nerf sous-orbitaire, on détermine des convulsions en piquant cette portion de peau ainsi détachée, tandis qu’on n’en produit pas en irritant le nerf sous-orbitaire lui-même.

Le Dr Brown-Séquard conclut de ces expériences que, pour produire des attaques convulsives, chez les animaux qui ont subi des lésions traumatiques de la moelle épinière, il faut irriter les extrémités nerveuses de la peau de la face et non les gros troncs nerveux eux-mêmes. Ce qu’il y a de plus remarquable enfin, c’est que les attaques convulsives, une fois produites par ces procédés, peuvent durer pendant des années et se reproduire ensuite spontanément, plusieurs fois par jour, tous les deux jours, toutes les semaines ou tous les mois, absolument comme chez les épileptiques. Les animaux se trouvent ainsi placés, par le fait de ces expériences, dans les mêmes conditions où se trouvent les individus devenus épileptiques à la suite d’une lésion traumatique des membres, du tronc ou de la tête.

Les expériences sur lesquelles s’appuient également les auteurs que nous analysons, et qui portent sur le système circulatoire, ont été faites à diverses époques, même avant qu’on eût songé à placer le siège de l’épilepsie dans la moelle allongée.

Ainsi ils se basent sur les expériences faites par Astley Cooper pour étudier l’influence de la ligature des carotides sur la circulation cérébrale[1]. Il résulte de ces expériences que lorsqu’on comprime avec les pouces les deux vertébrales, après la ligature des carotides, chez des lapins, il se produit des convulsions, qui se suspendent aussitôt qu’on cesse de comprimer les artères et se reproduisent aussitôt qu’on renouvelle la compression, d’où l’on conclut naturellement que l’anémie cérébrale est une cause puissante de mouve-

  1. Sir Astley Cooper, Some experiments and observations on tying the carotide and vertebral arteries (Guy’s hospital reports, t. I, p. 357.)