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dans les maladies convulsives, l’excitabilité exagérée de la moelle allongée, pour être mise en action, devait recevoir une impulsion partant d’un point plus éloigné du système nerveux. Lorsqu’ils n’ont pu découvrir ce point de départ des mouvements convulsifs dans un des nerfs, des membres ou des viscères, ils ont cherché dans le cerveau lui-même cette première impulsion imprimée au centre réflexe, lequel la transmet ensuite à tous les nerfs du corps, soit directement, soit par l’intermédiaire de la moelle épinière ou du cerveau.

Cette doctrine, déduite de la physiologie humaine, a trouvé son principal appui dans les expériences faites sur les animaux. Ces expériences, citées par tous les auteurs que nous analysons, sont de deux sortes ; les unes portent sur le système nerveux, les autres sur le système circulatoire.

Les expériences les plus curieuses et les plus concluantes sur le système nerveux ont été faites par M. Brown-Séquard ; elles sont si intéressantes qu’elles méritent d’être rappelées ici avec quelques détails.

Cet habile expérimentateur s’est livré sur les animaux à des expérimentations très variées : les unes ont eu pour but de démontrer que, lorsqu’on enlevait à un animal toutes les parties supérieures de l’encéphale, en ne laissant subsister que la protubérance et la moelle allongée, on pouvait encore facilement déterminer chez lui des mouvements convulsifs dans diverses parties du corps. Mais les expériences les plus remarquables au point de vue qui nous occupe sont les suivantes : en faisant éprouver à la moelle épinière diverses lésions traumatiques, soit dans sa totalité, soit dans ses différentes portions, chez des animaux privés des parties supérieures de l’encéphale, on constate que ces animaux deviennent peu à peu épileptiques. Quinze jours ou trois semaines après cette opération, ils commencent par éprouver des convulsions partielles, puis générales, et ces convulsions se reproduisent ensuite chez eux, à volonté, soit en irritant la peau de la face ou du cou, soit même spontanément, sans aucune excitation périphérique. Le fait le plus important à noter dans ces expériences, c’est que les lésions traumatiques de la moelle épinière n’ont pas pour résultat de produire immédiatement ces convulsions, mais de rendre peu à peu les animaux épileptiques,