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chez le Dr Radcliffe, sur une théorie physiologique nouvelle de la contraction musculaire, qu’il a proposée et défendue depuis dix ans et à laquelle il a consacré la première moitié de son ouvrage.

Cette théorie de l’action musculaire est précisément l’inverse de celle qui est généralement adoptée par les physiologistes. Au lieu d’admettre que le muscle, à l’état de repos, est dans le relâchement, et que la contraction musculaire résulte de l’action stimulante du système nerveux, le Dr Radcliffe prétend démontrer, par des expériences et des discussions physiologiques, que l’état normal du muscle abandonné à lui-même est le raccourcissement, et que le système nerveux n’intervient que pour déterminer son élongation, et faire cesser l’état de contraction qui est inhérent à la fibre musculaire. Appliquant à l’épilepsie cette donnée physiologique toute personnelle, le Dr Radcliffe admet que, dans l’accès épileptique, la moelle allongée, au lieu d’être exaltée dans ses fonctions, éprouve au contraire une diminution d’énergie, laquelle abandonne le système musculaire à sa contractilité naturelle, et donne ainsi naissance à des spasmes toniques ou cloniques. Sous ce rapport important, ce médecin est donc en contradiction complète avec les autres auteurs dont nous parlions tout à l’heure, puisqu’il attribue les convulsions de l’épilepsie à l’inaction, et non à l’excès d’action du centre réflexe ; il prétend même que sa théorie offre seule le moyen plausible de rendre compte de ce fait singulier, que dans l’épilepsie, les fonctions sensitives et intellectuelles de l’encéphale sont abolies, tandis que les fonctions motrices seraient augmentées. Rien de plus simple, au contraire, selon lui ; dans sa théorie, les fonctions motrices du système nerveux seraient abolies comme les autres, et les fonctions musculaires seules seraient en action, par suite de la suspension d’influence du système nerveux central. À l’exception de cette divergence fondamentale, relative à la cause première de l’épilepsie, le Dr Radcliffe adopte ensuite à peu près la même interprétation que les autres auteurs, pour le mode de production des divers phénomènes de l’accès. Ainsi, par exemple, dans la première période, il admet comme eux l’anémie cérébrale, et partant, la suspension des fonctions de l’encéphale par absence de sang artériel ; mais, dans la seconde période, il interprète différemment l’action de la congestion