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conséquence immédiate la stase sanguine dans le cerveau ; c’est par ce moyen détourné qu’il explique la suspension des fonctions cérébrales et partant la perte de connaissance pendant l’attaque épileptique. Cette seconde partie de la théorie de Marshall Hall a soulevé de nombreuses oppositions, elle a été repoussée par tous les auteurs qui, après lui, ont cherché à expliquer les attaques épileptiques par l’exagération du pouvoir réflexe de la moelle allongée.

Quel est le phénomène initial d’une attaque d’épilepsie ? Quel est l’ordre de succession des divers symptômes ? Voilà les points sur lesquels on diffère et qui sont devenus l’objet d’études très attentives de la part des auteurs qui nous occupent en ce moment.

Nous ne pouvons signaler ici toutes les différences qui existent entre eux sous ces divers rapports ; nous devons nous borner à indiquer les plus importantes.

Le premier phénomène d’une attaque épileptique est-il le cri, la pâleur de la face, la perte de connaissance, ou la convulsion des muscles de la face, ou bien tous ces phénomènes surviennent-ils en même temps ?

Les auteurs que nous analysons ont tous compris le rôle important que joue la perte de connaissance dans une attaque d’épilepsie. Ils n’ont pu admettre, avec Marshall Hall, qu’elle fût un phénomène consécutif à la convulsion des muscles respirateurs et à la stase sanguine dans le cerveau. Ils ont dû dès lors chercher une autre explication de ce fait évidemment primitif dans toute attaque d’épilepsie. Ils l’ont trouvée, par un procédé très ingénieux, dans la contraction des artères du cerveau. M. Brown-Séquard, en effet, profitant d’une découverte de Claude Bernard[1], relative à l’action du grand sympathique sur les vaisseaux, a trouvé moyen de rattacher dans l’épilepsie, le fait de la perte de connaissance à celui de la convulsion. Claude Bernard avait découvert qu’en coupant le grand sympathique au cou, c’est-à-dire en faisant cesser l’action de ce nerf sur les vaisseaux de la face et du cerveau, on déterminait un relâchement de ces vaisseaux, partant un excès de sang artériel dans ces parties et une élévation de la température. M. Brown-Séquard,

  1. Claude Bernard, Leçons sur la physiologie et la pathologie du système nerveux ; Paris, 1858.