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riser la catalepsie ? C’est un état de contraction, intermédiaire à la contraction normale et à la rigidité tétanique. Dans la contraction normale, la volonté intervient pour maintenir l’immobilité des membres, et dans certains états volontaires, tels que l’extase ou la mélancolie avec stupeur par exemple, elle peut acquérir, sous ce rapport, une continuité d’action bien propre à simuler l’état cataleptique. Ce qui distingue alors ces malades des véritables cataleptiques, ce sont les efforts souvent appréciables qu’ils font pour conserver pendant longtemps la même position, la fatigue qui finit tôt ou tard par entraîner l’abaissement du membre soulevé, enfin la résistance qu’éprouve une main étrangère pour déplacer les muscles maintenus dans un état de contraction forcée. Mais combien ces nuances sont souvent difficiles à saisir, et comment poser une limite rigoureuse entre les cas de catalepsie incomplète que nous avons cités plus haut et l’immobilité volontaire de certains états extatiques ? Il en est de même de la distinction à établir entre la rigidité cataleptique exagérée et la contraction tétanique. Dans beaucoup d’observations de catalepsie, en effet, on représente le système musculaire comme étant dans un état de raideur telle qu’on éprouve une grande difficulté à mouvoir les membres, qui offrent une véritable résistance aux mouvements qu’on cherche à leur communiquer. Depuis le degré qu’on a comparé à celui d’une charnière rouillée jusqu’à celui qui a permis d’assimiler le corps tout entier des cataleptiques à une statue de pierre ou à un bloc de marbre, il y a une foule de nuances insensibles dans le degré de contraction des muscles qui rendent presque impossible toute ligne de démarcation tranchée entre la rigidité propre à caractériser la catalepsie et celle qui appartient en réalité au tétanos, aux spasmes toniques, ou même à la contracture des affections cérébrales. Ainsi donc, soit que la contraction musculaire propre à la catalepsie diminue, soit qu’elle augmente d’intensité, elle arrive peu à peu à se confondre avec des phénomènes voisins, d’un côté avec la contraction musculaire volontaire (ou même, dans quelques cas, avec l’immobilité résultant de la résolution paralytique), et, de l’autre, avec les convulsions toniques qui caractérisent d’autres affections du système nerveux. Elle perd ainsi insensiblement ses caractères propres, pour revêtir ceux d’autres phénomènes voisins, sans qu’il soit possible de poser scientifiquement une