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tant pour la différencier d’autres maladies analogues que l’état du système musculaire, c’est la suppression absolue de toute sensibilité générale et spéciale. Les auteurs qui ont écrit sur les maladies nerveuses ont rapporté de nombreuses observations dans lesquelles on raconte qu’on a soumis les malades à toutes sortes d’épreuves et de tortures, pour s’assurer de l’état de leur sensibilité, et qu’ils les ont supportées héroïquement, sans sourciller et sans donner aucun signe de douleur. On est même très porté à suspecter la simulation dans tous les cas où les malades ne subissent pas ces expériences avec cette insensibilité caractéristique. Cependant, les observations de catalepsie rapportées par les auteurs contiennent de nombreuses exceptions à cette règle générale. Certains malades expriment la douleur qu’ils éprouvent pendant l’accès, à l’aide de cris étouffés, de mouvements des yeux ou des paupières, lorsque le mouvement est encore possible dans ces parties ; d’autres éprouvent une coloration rapide de la face, un refroidissement général, un ralentissement ou une accélération du pouls, ou bien versent des larmes qui restent cachées derrière les paupières, lorsque celles-ci sont fermées et ne s’épanchent au dehors qu’après la cessation de l’accès. Il est d’autres malades qui conservent encore quelques mouvements incomplets dans une partie quelconque du corps, et qui fuient alors, autant qu’il en est en leur pouvoir, tout contact extérieur appliqué sur cette partie. D’autres cataleptiques enfin, qui ne possèdent pendant l’accès aucun moyen de manifester la douleur qu’on leur fait éprouver, en conservent le souvenir après l’accès, et rendent compte alors des efforts inouïs qu’ils ont faits pour échapper à la douleur qu’ils ressentaient, mais qu’ils ne pouvaient ni fuir ni exprimer.

Il en est de la sensibilité spéciale comme de la sensibilité générale. Les cinq sens sont en général insensibles, pendant les accès de catalepsie, à leurs excitants naturels ; mais il n’en est pas toujours ainsi, et tantôt un sens, tantôt l’autre, se trouve conservé chez certains malades. Ceux qui conservent le souvenir après l’accès déclarent souvent qu’ils ont vu ce qui se passait autour d’eux, et le racontent aux assistants. D’autres, comme nous l’avons déjà dit, expriment de diverses façons l’impression que leur causent des paroles prononcées devant eux, ou bien sortent brusquement de leur accès, à la suite d’une promesse qu’on leur fait, d’une nouvelle qu’on leur apprend,