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autres rapports ? Mais, dans ce cas, il faudrait faire rentrer dans l’histoire de cette maladie des faits nombreux d’hystérie, d’extase, de somnambulisme, etc., avec état cataleptique du système musculaire, et alors on serait infidèle à la définition que nous venons de poser. D’un autre côté, si l’on ne veut admettre dans le domaine de la catalepsie que les faits présentant rigoureusement tous les caractères compris dans la définition, on diminue d’une manière très notable le nombre des faits de catalepsie véritable, et on laisse flotter au hasard, sans place déterminée dans le cadre nosologique, tous les autres faits qui ne rentrent pas exactement dans cette définition. Cette alternative est certainement très embarrassante ; aussi les auteurs ont-ils été forcés d’être moins sévères dans l’application de sa définition, et ont-ils donné le nom de catalepsie à des faits qui ne réunissent pas toutes les conditions voulues pour mériter réellement ce nom, privés qu’ils sont d’un ou de plusieurs des caractères nécessaires pour constituer cette maladie. Pour le prouver, il nous suffira de passer en revue ces divers caractères et de faire ressortir brièvement les anomalies singulières que présentent les différentes observations sous le rapport de chacun d’eux.

Et d’abord disons quelques mots de l’état de l’intelligence dans la catalepsie. L’intelligence, dit-on, est complètement suspendue pendant tout le temps que dure l’accès de catalepsie. Le malade, en sortant de son accès, ne conserve aucun souvenir de ce qui a eu lieu pendant sa durée ; quelquefois même il a oublié les faits qui ont précédé son invasion ; d’autres fois, au contraire, il continue, une fois l’accès terminé, la phrase ou l’action qu’il avait commencée immédiatement avant son explosion, comme si l’intervalle de l’accès était un temps entièrement effacé de son existence. Telle est, en effet, la règle générale, et c’est ce que l’on constate dans la plupart des observations de catalepsie vraie. Combien cependant cette règle présente d’exceptions ! Que faire alors de ces exceptions, si l’on ne doit ranger parmi les faits de catalepsie véritable que ceux qui offrent la réunion des trois ordres de symptômes qui servent à caractériser cette maladie ? Dans la majorité des cas, la constatation de la persistance ou de la suspension du travail intellectuel, pendant les accès de catalepsie, est presque impossible. On peut soutenir, à cet égard, également le pour et le contre,