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suspendue, comme on aurait pu le supposer, d’après l’absence des manifestations.

Au point de vue de l’intelligence, ces deux observations se rapprochent donc davantage qu’au point de vue de la sensibilité, tout en présentant, même sous ce rapport, de très notables différences. Quant aux mouvements, malgré l’analogie apparente du signe caractéristique de la catalepsie, cet état est au fond très différent, puisque dans la première observation il y a roideur et augmentation considérable du degré de contraction musculaire par le contact, tandis que dans la seconde, il y a mollesse et relâchement complet de tous les muscles, à l’exception de ceux qui sont nécessaires pour maintenir les positions données, ainsi que des sterno-mastoïdiens et des masséters, qui sont dans un état de rigidité presque permanente.

Ces deux observations diffèrent donc essentiellement l’une de l’autre sous le rapport de leurs symptômes les plus importants, et après cet examen rapide de leurs analogies et de leurs différences, on pourrait hésiter à les ranger dans la même classe et à les considérer comme appartenant à la même maladie.

Ce qu’il importe maintenant de montrer, avant de poser une conclusion aussi absolue, c’est que les mêmes réflexions peuvent s’appliquer à la plupart des observations de catalepsie qui existent dans la science, et qu’après les avoir étudiées attentivement, on peut se demander avec raison si, en les réunissant toutes sous un même nom, on n’a pas plutôt fait l’histoire d’un symptôme que celle d’une maladie.

Lorsqu’on lit, en effet, avec attention les observations de catalepsie consignées dans les auteurs, on est frappé des caractères différents qu’elles présentent, même chez les auteurs modernes, qui cependant ont pris le soin d’écarter de leur description tous les faits appartenant évidemment à d’autres maladies, et qui n’ont accepté dans le cadre de cette affection que ceux qui présentaient le signe pathognomonique, à savoir l’aptitude du système musculaire à conserver toutes les positions qu’on lui imprime. C’est, en effet, sur ce signe que les auteurs de notre époque ont fait reposer la maladie ; ils ont ainsi évité un grand nombre de confusions commises par les auteurs des siècles précédents, qui avaient mélangé pêle-mêle les faits de catalepsie avec des faits d’hystérie, d’extase, de somnambulisme, ou