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morale, et qui s’accompagne rarement d’idées délirantes plus déterminées de ruine, de culpabilité, de damnation, ou d’hallucinations de divers sens, ont presque constamment un besoin continuel de mouvement, qui les porte à marcher sans cesse, souvent la nuit comme le jour, et cela sans éprouver jamais un véritable sentiment de fatigue.

Une dernière remarque à faire, c’est que les aliénés atteints de cette variété particulière de la mélancolie éprouvent souvent des tremblements généraux, qui surviennent comme par accès, ainsi qu’une anxiété précordiale et une sensation de vacuité ou d’étau dans la tête, symptômes physiques qui sont plus fréquents dans cette forme de la mélancolie que dans toute autre.

Nous devons encore ajouter qu’à ces différences symptomatiques, entre les trois variétés que nous venons de décrire dans l’état mélancolique, se joignent des différences correspondantes dans la marche ; la première est presque toujours continue, sans rémissions notables ; la seconde est essentiellement rémittente, et la troisième, au contraire, presque toujours intermittente, se produit sous forme d’accès, qui surviennent le plus souvent à intervalles très éloignés.

Nous ne pouvons nous appesantir ici sur la description de ces variétés de la mélancolie, qui mériteraient de devenir l’objet d’un travail spécial. Nous n’avons eu qu’un but en signalant ici brièvement leurs principales différences : c’était de faire sentir combien les malades affectés d’aliénation partielle avec tristesse différaient profondément les uns des autres, malgré les analogies apparentes qu’ils présentent.

Monomanie. — Les malades atteints d’aliénation mentale avec expansion (ou monomanie des auteurs), offrent entre eux des différences plus saillantes encore que ceux appartenant à la classe des mélancolies. Et d’abord, le caractère principal qui sert à les rapprocher, c’est-à-dire la gaieté ou l’expansion, est loin de s’appliquer à tous les malades faisant partie de cette catégorie. Ce caractère de satisfaction et d’activité physique et intellectuelle a été plutôt établi par contraste avec la tristesse et la dépression des mélancoliques, que par suite d’une constatation directe chez les malades atteints de monomanie. Ce que l’on peut faire de mieux sous ce rapport, c’est de les caractériser par exclusion ou négativement,