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cataleptiques), quelques mouvements de déplacement, comme pour fuir le contact pénible des objets extérieurs. Cette sensibilité exagérée était même si développée chez cette malade, qu’elle a empêché pendant longtemps le Dr Puel de constater chez elle le signe caractéristique de la catalepsie ; il ne pouvait la toucher sans provoquer de sa part une douleur si vive qu’il redoutait de lui faire subir cette expérience.

Cette observation se différencie donc profondément de toutes les observations connues de catalepsie, sous le rapport de ses symptômes les plus importants, par l’existence possible des troubles musculaires indépendamment de la perte de connaissance, ainsi que par l’exaltation de la sensibilité. Si nous voulions pousser plus loin cette comparaison, que nous bornons à dessein à la constatation de ces deux différences capitales, nous trouverions également, dans l’examen des autres symptômes secondaires, des anomalies nombreuses.

Si nous examinons au même point de vue la seconde observation, publiée par le professeur Skoda, nous lui trouvons des caractères bien différents aussi, soit de l’observation précédente, soit des faits de catalepsie en général. Ce qui frappe surtout, à la lecture de cette seconde observation, indépendamment de la durée très longue et presque continue de la maladie, c’est l’état particulier dans lequel se trouve le système musculaire. Le professeur Skoda a pris le soin, en effet, de faire remarquer qu’à l’exception des sterno-mastoïdiens des muscles des mâchoires, et des extrémités inférieures pendant certaines recrudescences de la maladie, qui se trouvaient dans un état de véritable roideur, tous les muscles de la vie animale étaient dans le relâchement, et qu’il n’y avait de contractés que ceux qui étaient nécessaires pour maintenir la position donnée. C’est là un fait important à noter pour l’étude de la catalepsie, et bien différent de ce qu’on observe dans la plupart des cas, où les auteurs constatent plutôt la roideur, la rigidité des muscles, que leur état de relâchement.

Un autre fait mérite également d’être noté, sous le rapport du système musculaire, c’est que l’état cataleptique était moins prononcé aux membres inférieurs qu’aux membres supérieurs, et que certaines positions forcées et peu habituelles des extrémités infé-