Page:Falret - Études cliniques sur les maladies mentales et nerveuses, 1890.djvu/307

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

presque toutes les observations de catalepsie, où les troubles musculaires se produisent en même temps que la perte de connaissance et disparaissent avec elle.

Ce caractère particulier que nous offre cette observation dans les accès abandonnés à leur marche naturelle, nous le retrouvons, d’une manière plus surprenante encore, lorsque le Dr Puel eut découvert le moyen de rompre la périodicité des accès, et de diminuer leur durée et leur intensité, à l’aide de frictions manuelles exercées sur les diverses parties du corps. Cette portion de l’observation contient même des faits si extraordinaires que, si l’on ne connaissait toute la science et toute la bonne foi de cet honorable praticien, et si ces faits ne s’étaient pas renouvelés un nombre de fois considérable avec les mêmes caractères, on serait tenté de croire à la simulation. Nous voyons, en effet, le Dr Puel faire cesser à volonté le spasme musculaire, soit dans un seul membre à la fois, soit dans tous les muscles les uns après les autres, à l’aide de simples frictions longtemps continuées. Enfin, ce qui est plus étonnant encore, nous voyons qu’il lui suffit de toucher les paupières de la malade, non seulement pour lui faire ouvrir les yeux, mais encore pour lui faire recouvrer la connaissance, et cela, alors même que le système musculaire tout entier continue à rester dans l’état cataleptique, de sorte que l’auteur parvient ainsi à faire assister la malade à sa propre attaque de catalepsie. Tous ces faits, décrits avec le plus grand soin dans l’observation que nous avons rapportée précédemment, sont si singulièrement exceptionnels, qu’ils paraîtraient presque incroyables s’ils n’étaient racontés avec tous les détails scientifiques nécessaires, qui ne permettent pas de douter de leur réalité.

Eh bien, cette observation, si exceptionnelle déjà sous le rapport de l’isolement des symptômes intellectuels et musculaires, ne l’est pas moins sous le rapport de l’état de la sensibilité. Dans presque tous les cas de catalepsie, en effet, la sensibilité générale et spéciale est suspendue pendant toute la durée de l’accès ; ici, au contraire, loin d’être abolie, elle est exaltée. Le moindre contact et le moindre bruit extérieurs suffisent pour provoquer de vives douleurs, pour augmenter la tension du système musculaire, et pour provoquer chez la malade des grincements de dents, des cris étouffés, et même (ce qui est encore tout à fait contraire à l’immobilité habituelle des