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De tous les symptômes de la maladie, il ne restait plus que la sécrétion exagérée de salive et la raideur du cou. La menstruation n’était pas encore revenue.

Le 1er mai, la sécrétion de salive et la raideur du cou cessèrent ; la voix était comme avant la maladie ; la malade était très disposée à raconter à tout venant ce qu’elle savait de sa maladie. Nous apprîmes alors par elle que pendant le traitement du Dr Schoder, une tristesse subite s’était emparée de son esprit et qu’elle n’avait pu la dominer par aucun moyen. « J’étais immobile, dit-elle ; je croyais quelquefois avoir répondu à des questions qu’on m’avait adressées, et j’étais irritée quand on me questionnait de nouveau ; d’autres fois je savais clairement que je n’avais pas parlé, mais que je ne le pouvais pas. » Elle se rappelait son départ de Vienne : lorsqu’on lui demanda son passe-port, dit-elle, elle crut que l’on voulait l’enfermer et la pendre, parce qu’elle avait eu une discussion avec la police.

Chez elle, sa santé devint meilleure ; néanmoins elle sentait toujours une pression au sommet de la tête et ne pouvait s’occuper de rien. Elle se rappelait en outre son second voyage à Vienne, et racontait assez exactement les essais qui furent faits sur elle à la clinique. Elle se rappelait qu’on l’avait approchée du piano ; son souvenir le plus désagréable était relatif à l’appareil hémospasique. Les tentatives faites sur elle l’avaient jetée souvent dans une grande anxiété, parce qu’elle ne savait pas où on voulait en venir ; elle avait été bien soulagée en entendant dire qu’elle guérirait et qu’on ne lui ferait aucun mal.

Relativement à son absence de mouvement, elle dit qu’il lui était impossible de mouvoir un seul membre ; que souvent, lorsqu’on voulait faire sur elle un essai, elle faisait de grands efforts pour mouvoir son corps et pour s’y soustraire ; que l’approche des aliments surtout la mettait dans une grande anxiété, mais qu’elle ne pouvait pas la manifester autrement qu’en appliquant la langue contre les dents. Plusieurs fois elle a eu la sensation d’une corde qui aurait lié ensemble sa bouche et son estomac ; alors la déglutition devenait impossible.

Les convulsions et les spasmes lui causaient de la douleur. Lorsque son état s’améliora, elle sentit très bien que les diverses parties de son corps devenaient de plus en plus libres l’une après l’autre. Elle