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mais à un moindre degré qu’au tronc et aux mains, et certaines positions peu habituelles des membres inférieurs, par exemple une torsion très forte en dehors ou en dedans, n’étaient pas conservées. Dans les différentes positions qu’on imprimait à la malade, il n’y avait de contractés que les muscles dont l’action était nécessaire pour maintenir la position donnée ; tous les autres muscles étaient complètement relâchés. Lorsqu’une position avait été maintenue pendant plus ou moins longtemps, elle ne se transformait pas subitement, mais au contraire très lentement, en une autre position plus conforme aux lois de la pesanteur. Le tronc placé obliquement, le bras élevé fortement en haut, ne s’abaissaient que très lentement, et, après le changement de position, de nouveaux muscles entraient en action.

La malade pouvait être chatouillée, pincée, piquée, dans toutes les parties du corps, sans qu’il en résultât aucun mouvement. En dirigeant brusquement le doigt ou la pointe d’un couteau vers le globe de l’œil ouvert, on ne déterminait aucun mouvement dans l’œil ni dans les paupières ; mais, si l’on touchait les cils, on provoquait un tremblement des paupières ; le même résultat était obtenu en approchant rapidement de l’œil la flamme d’une bougie.

Si l’on excitait la muqueuse nasale à l’aide de la barbe d’une plume, ou avec des substances à odeurs fortes, telles que l’ammoniaque, on ne déterminait que quelques légers mouvements dans les orteils. Pendant ces expériences, il se manifestait bientôt de la rougeur des joues et du front, les yeux se remplissaient de larmes, le pouls était accéléré et la température du corps élevée.

L’observation des jours suivants fit constater une différence incontestable entre l’état de la veille et l’état de sommeil de la malade.

À sept heures du soir, la malade, qui était restée tout le jour sur le dos, les yeux fixes et ouverts, et tout à fait sans mouvements, se retournait sur le côté gauche, fermait les yeux, et sa respiration devenait plus facile à entendre. Le matin, après avoir ouvert les yeux, elle se retournait elle-même sur le dos ou bien on lui aidait à prendre cette position lorsqu’elle négligeait de le faire elle-même. Pendant le sommeil, le bras soulevé conservait également la position qui lui était donnée.

La malade ne prenait pas autre chose que de l’eau et du café au