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séant dans son lit. Dans l’après-midi, survint une nouvelle aggravation ; les deux nuits suivantes furent sans sommeil. Elle repoussa la nourriture et les médicaments qui lui étaient offerts, et elle manifesta, par divers mouvements, le besoin d’aller à la selle et de rendre des urines.

On employa plusieurs fois le tartre stibié, qui provoqua des vomissements, puis l’arnica. On appliqua trois fois une douche froide sur la tête, et le 22 octobre un vésicatoire sur la poitrine. La douche froide ne produisit que la première fois un tremblement chez la malade ; les autres lois, elle ne parut pas le sentir. Le 22 au soir, elle se mit sur son séant dans son lit, frotta la plaie produite par le vésicatoire, et poussa quelques sons inarticulés.

Depuis cette époque, il survint, il est vrai, tous les soirs, quelques mouvements et dans la nuit du sommeil, mais il ne se manifesta aucune autre amélioration. La malade fut de nouveau envoyée à Vienne, et admise à la clinique le 29 octobre.

Cette jeune fille, délicate mais régulièrement constituée, était couchée sans mouvement dans son lit ; les yeux ouverts, immobiles, dirigés en avant, larmoyants ; la pupille dilatée, la conjonctive injectée, et présentait de temps en temps un tremblement appréciable des paupières. La figure non grimacée était sans expression, un peu enflée, habituellement pâle, avec rougeur passagère du front et des joues ; la bouche fermée laissait écouler une salive fétide. L’examen des autres organes ne fit découvrir rien de maladif. Le pouls était à 84, petit ; il y avait douze respirations par minute, à peine appréciables ; la peau de tout le corps, principalement des pieds, était fraîche. À l’exception des sterno-mastoïdiens, fortement tendus, tous les muscles étaient mous et dans le relâchement. La malade restait debout, assise ou couchée, dans toutes les positions qu’on lui donnait ; la tête seule, à cause de la tension des sterno-mastoïdiens, ne pouvait être remuée à volonté. Dans le lit, le tronc conservait toutes les positions, depuis l’angle droit, jusqu’à une inclinaison de 10° ou 12° pendant un certain temps, sans qu’aucun tremblement ou aucun effort fût manifeste. Il en était de même de l’extension du bras, avec extension ou flexion simultanée de l’avant-bras que la malade fût assise, levée ou couchée.

Le même phénomène se manifestait aux extrémités inférieures,