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dirigées sur la tête, la colonne vertébrale et le creux de l’estomac. Ces douches, administrées dans la journée, eurent pour effet immédiat la production artificielle d’un accès de catalepsie, qui vint s’ajouter à celui ou à ceux du soir ; mais ces accès, d’abord intenses, finirent par devenir moins violents et fort courts ; en même temps, ceux du soir perdaient de leur intensité. Dans les premiers jours, à l’accès de catalepsie succédait du délire, qui alternait avec la roideur cataleptique des membres ; mais, au bout de peu de temps, M. Puel s’aperçut que ce délire survenait seulement lorsqu’il voulait faire cesser trop tôt l’état cataleptique ; il se décida alors à laisser reposer la malade dans l’état cataleptique pendant une demi-heure ou trois quarts d’heure après la douche ; il diminua ensuite, petit à petit, la longueur de cet intervalle et parvint ainsi à pouvoir éveiller la malade presque immédiatement après la douche, sans avoir à redouter le retour du délire. Ce traitement, continué avec persévérance, avait considérablement amélioré l’état de Mme D…, mais, pour des raisons étrangères à l’état maladif, M. Puel fut encore obligé de l’interrompre ; il employa alors des compresses d’eau froide appliquées autour du cou et renouvelées à peu près toutes les dix minutes pendant une heure. Il n’eut qu’à se louer de l’emploi de ce moyen simple et facile pour combattre la roideur musculaire ; dès l’application de la seconde compresse, on voyait les muscles des extrémités se relâcher, les autres muscles perdaient leur roideur cataleptique, jusqu’à ce qu’enfin le cou, qui était la partie la plus difficile à dégager, fût entièrement libre, ce qui arrivait au bout d’une heure environ. En venant tous les soirs à l’heure de l’accès, le médecin se contentait d’éveiller la malade, sans avoir à faire aucune friction sur les diverses parties du corps ; la malade appliquait alors elle-même les compresses, et la roideur musculaire disparaissait ainsi successivement.

En résumé, en combinant ces divers moyens curatifs : frictions manuelles sur le trajet des muscles, belladone à l’intérieur, douches et compresses d’eau froide à l’extérieur, M. Puel est parvenu, d’abord à rompre la périodicité des accès, puis à diminuer leur intensité et leur durée ; enfin, après trois ans de traitement, il a eu la satisfaction de les voir cesser complètement, et il croit pouvoir affirmer que Mme D… est maintenant radicalement guérie de sa catalepsie.