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dix heures à minuit, et ne recouvrait la liberté complète des mouvements qu’à l’approche du jour. Aussitôt que la malade avait perdu connaissance, le Dr Puel procédait successivement au relâchement des muscles, et, vers huit heures environ, touchait les paupières pour faire recouvrer connaissance à la malade ; mais vers dix heures, une nouvelle perte de connaissance survenait. La malade avait ainsi deux accès, au lieu d’un, mais les deux réunis étaient moins forts que l’accès unique qu’elle avait précédemment. Il lui vint alors l’idée de retarder l’heure du premier accès, en combattant la roideur musculaire avant la perte de connaissance, et gagnant ainsi un quart d’heure tous les jours ; il finit par faire coïncider l’heure du premier accès avec celle du second, c’est-à-dire qu’il arriva à n’avoir qu’une seule perte de connaissance à dix heures du soir.

En continuant à agir ainsi tous les jours, il remarqua que les accès diminuaient d’intensité et même de durée ; un jour enfin, il fut assez heureux pour supprimer complètement l’accès. Il reparut les jours suivants ; mais, plus tard, il supprima, par le même moyen, deux accès consécutifs, puis trois, puis quatre, puis cinq. Malheureusement des circonstances indépendantes de sa volonté, jointes à la fatigue que lui faisaient éprouver à lui-même des visites quotidiennes aussi prolongées, le forcèrent d’interrompre ce mode de traitement et d’avoir recours à d’autres moyens. La première modification qu’il fit subir à sa méthode consista à remplacer les frictions générales, faites sur tout le corps, par des frictions partielles, au creux de l’aisselle, pour produire le relâchement des bras et à la région inguinale pour les membres inférieurs ; mais il fallait faire ensuite des frictions sur les autres parties du corps, et cela demandait toujours beaucoup de temps et de fatigue. Il eut recours alors à la belladone, à la dose de 1 à 2 centigrammes en solution, qui en facilitant le relâchement musculaire, lui fut très utile pour retarder l’heure des accès et contribuer à leur fusion, lorsqu’il y en avait deux par jour. Mais l’emploi de ce médicament ayant déterminé une action directe sur le cerveau, caractérisée par de la céphalalgie et une dilatation extrême de la pupille, il se vit forcé d’en suspendre l’usage et, chaque fois qu’il y renonçait, il voyait les accès redoubler de longueur et d’intensité, M. Puel eut alors recours, pendant plusieurs mois, à l’usage de douches descendantes, à 25 ou 26 degrés,