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lager la malade pendant ses attaques. Un soir la malade était sans connaissance ; il tenait la main gauche dans la sienne et faisait avec la main droite de légères frictions le long du bras, lorsque tout à coup il sentit la main s’entrouvrir et les doigts s’allonger par un mouvement lent et régulier ; il redoubla les frictions, et en quelques minutes il eut la satisfaction de rendre au bras une souplesse telle qu’après avoir été soulevé il retomba sur le lit comme un corps inerte. Il crut avoir amené la fin de l’attaque, mais la malade était toujours sans connaissance, et tous les muscles du corps, excepté ceux du bras gauche, étaient restés dans la contraction.

Il s’empressa de faire des frictions analogues sur le bras droit, les jambes, le cou, le tronc, et obtint le relâchement complet des muscles ; enfin il toucha légèrement les paupières pour faire cesser les contractions des orbiculaires, et la malade, jusque-là privée du sentiment, ouvrit les yeux et recouvra instantanément connaissance.

Ce résultat merveilleux et inattendu pouvait paraître fortuit ; mais, le lendemain et les jours suivants, il obtint également, avec la plus grande facilité, le relâchement complet des muscles, et le retour de l’intelligence et du sentiment. Pour donner plus d’authenticité à un fait aussi surprenant, il le fit constater, à plusieurs reprises, par d’honorables praticiens de Paris dont il cite les noms.

À partir de ce moment, M. Puel varia ses expériences de mille façons, de manière à constater de nouveaux faits intéressants et de manière à arriver à la guérison complète de la malade. Voici, en résumé, les résultats les plus remarquables auxquels il est arrivé :

1oCe n’est qu’après avoir opéré le relâchement des autres muscles du corps qu’il touche les paupières pour faire recouvrer connaissance à la malade et mettre fin à l’accès ; mais il peut également relâcher les muscles des paupières, sans faire cesser les contractions des autres muscles, restituer ainsi à la malade la plénitude de son intelligence, sans lui rendre la liberté de ses mouvements, ce qui lui permet d’être témoin de sa propre attaque de catalepsie. Chez la plupart des malades, la perte de connaissance survient en même temps que l’immobilité générale. Chez Mme D…, les contractions musculaires se développent successivement, précèdent toujours la perte du sentiment, et persistent quelquefois après que l’on a fait recouvrer connaissance à la malade. « Ces faits démontrent, dit-il,