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3oC’est toujours à gauche, du côté de la grande courbure de l’estomac, où se trouvent les principaux nerfs, que débute la série des contractions musculaires.

À la fin d’octobre, les accès étaient très violents et présentaient une régularité remarquable ; la malade perdait connaissance à sept heures précises et ne revenait à elle que vers dix heures ; mais, malgré le retour de l’intelligence, les contractions musculaires persistaient et ne se dissipaient complètement que vers la fin de la nuit.

Une chose surtout mérite d’être remarquée pendant ces accès, c’est l’extrême sensibilité de la malade pour tout bruit et tout contact extérieur ; le son le plus léger lui faisait éprouver une sorte de secousse électrique ; les muscles se contractaient avec plus de violence lorsqu’on la touchait, même légèrement, et, si ce contact était prolongé, des cris étouffés s’échappaient de sa poitrine, en même temps qu’elle faisait des mouvements de déplacement comme pour fuir une impression pénible ; cette répulsion se manifestait indistinctement pour toutes les personnes qui entouraient la malade.

Comme il était impossible d’éloigner d’elle toutes les causes de bruit extérieur, elle finissait presque toujours par changer de position dans son lit ; on était souvent fort embarrassé pour la préserver d’une chute ; ses souffrances étaient si évidemment augmentées par le contact qu’on hésitait à s’approcher d’elle ; néanmoins, quelquefois on était bien obligé, et, dans les premiers temps, ce contact la faisait souffrir considérablement ; cependant, il sembla que la sensation devenait chaque jour moins désagréable ; enfin, le médecin reconnut qu’elle supportait sa main lorsqu’il persistait, malgré ses cris, à la laisser sur la sienne. Dès qu’il put toucher la malade sans déterminer aucun mouvement de répulsion, il lui fut aisé de constater qu’elle était en état de catalepsie.

Il plaça les bras, les jambes, la tête et le tronc, dans les attitudes les plus anormales et les plus difficiles à maintenir, et le corps conserva indéfiniment la dernière position déterminée ; en un mot, il fut possible de faire passer chaque membre, et même chaque muscle, par tous les degrés intermédiaires, depuis l’extension la plus prononcée jusqu’à la contraction la plus énergique. C’est alors que progressivement M. Puel fut amené à découvrir un moyen de sou-