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Cet état persista jusqu’au huitième mois de la grossesse. Hémorragie utérine grave après l’accouchement ; anémie, séjour de deux mois au lit, enfin retour des accidents hystériques et de la douleur épigastrique ; un seul évanouissement par jour, au lieu de deux. Après ces deux grossesses, nouvelles fausses couches, et enfin naissance d’une fille qui vit encore : en résumé, en moins de cinq ans, quatre fausses couches et deux accouchements à terme.

Depuis sa seconde grossesse, Mme D… a souffert presque sans interruption. Les symptômes de gastralgie prédominent dans toutes les indispositions ultérieures et persistent, avec une certaine intensité, dans les intervalles des diverses affections. De 1835 à 1852, Mme D… éprouve un grand nombre de maladies variées, pour lesquelles elle est soumise aux traitements les plus contraires : elle éprouve souvent des vomissements, des contractions douloureuses de l’estomac et des convulsions hystériques avec perte de connaissance, douleurs d’estomac, toux hystérique, etc., etc.

Le 3 septembre 1852, M. Puel la vit pour la première fois. Elle éprouvait une douleur très vive au creux de l’estomac et dans le dos, et une toux sèche et fréquente. Il fut forcé de rattacher la toux à la gastralgie, parce qu’il ne découvrit aucun signe grave par l’examen de la poitrine. La toux diminua, mais les douleurs d’estomac devinrent intolérables ; elles augmentaient par la présence des aliments. Les moyens employés furent sans succès, comme tous ceux mis en usage antérieurement par d’autres médecins. Tous les soirs, entre quatre ou cinq heures, redoublement dans les symptômes ; douleurs plus vives ; raideur dans les mouvements et particulièrement dans ceux du cou : ce malaise persistait plusieurs heures et ne se dissipait souvent qu’au milieu de la nuit. Un jour, vers cinq heures, les douleurs furent si intolérables que la malade s’évanouit pendant une demi-heure. M. Puel ne fut pas témoin de ce premier accès, et jugea que c’était un accès d’hystérie, comme ceux d’autrefois. Le lendemain, nouvel accès avec perte de connaissance plus longue : pendant cet accès, la malade est raide et immobile, pas de convulsions cloniques. Dès qu’on la touche, même légèrement, les muscles se contractent avec plus de violence ; elle souffre évidemment de ce contact. Les mâchoires, fortement contractées, pressent les dents les unes contre les autres : de temps en temps, grincements de dents et