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parates, ne se ressemblent en quelque sorte que par un seul point, la raideur cataleptique, et diffèrent les uns des autres par l’ensemble de leurs symptômes et par leur marche. On se trouve ainsi en présence d’un symptôme et non d’une maladie. L’état cataleptique se produit, en effet, dans des conditions très diverses. On le voit fréquemment accompagner les attaques d’hystérie et figurer dans cette maladie à titre de complication ; il survient de temps en temps chez les aliénés, chez les maniaques, aussi bien que chez les mélancoliques. Tantôt il n’existe que d’une manière partielle dans un bras, une jambe, ou une autre partie du corps, tantôt au contraire il affecte à la fois tous les muscles, sous formes d’accès véritables, à marche franchement intermittente. Quelquefois temporaire et de très courte durée, la catalepsie est d’autres fois continue pendant plusieurs mois presque sans interruption. Elle peut exister avec ou sans perte de connaissance ; elle est quelquefois le symptôme précurseur d’une maladie plus grave, telle que l’apoplexie ou l’épilepsie, ainsi qu’il en existe des exemples dans la science ; enfin, elle est très souvent compliquée d’extase ou de somnambulisme, c’est-à-dire qu’au lieu d’être accompagnée de la suspension des facultés intellectuelles, elle coïncide avec une grande activité intérieure de ces facultés.

Dans cet état de choses, il est extrêmement difficile d’arriver à se faire une idée nette de ce qu’on doit entendre par le mot catalepsie, de se rendre compte du degré d’authenticité des faits rapportés sous ce nom et de contrôler l’exactitude des faits nouveaux qui se produisent, à l’aide d’une description type basée sur les faits déjà acquis à la science ; il est difficile, en un mot, de se prononcer sur la question de savoir si le phénomène caractéristique de la catalepsie, c’est-à-dire l’impossibilité pour le malade de mouvoir ses muscles, et la facilité qu’éprouve un étranger à les mettre en mouvement et à leur faire conserver la position qu’il leur imprime, si ce phénomène, dis-je, n’est qu’un symptôme, survenant, à titre de complication, dans des maladies diverses, ou s’il doit au contraire continuer à servir de base à une véritable unité morbide.

Dans cet état d’incertitude de la science, à l’égard de la catalepsie, il importe de recueillir les faits nouveaux observés avec soin dans les divers pays, de les analyser avec de suffisants détails, pour qu’ils puissent être exactement appréciés, de faire ressortir leurs analogies