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tive ? C’est là encore aujourd’hui l’opinion qui domine parmi les médecins spécialistes. Dans la plupart de ces cas, en effet, sinon dans tous, on voit se reproduire plus tard tous les symptômes habituels de la paralysie générale, aboutissant définitivement à ses dernières périodes et à la mort. Mais on ne peut pas nier que c’est là une variété spéciale dans la marche de la paralysie générale, qui mérite une mention particulière.

Je ne voudrais pas insister plus longuement sur la description des diverses variétés de la paralysie générale, qui mériteraient de devenir l’objet d’une étude plus attentive et plus détaillée.

Le but de cette communication a été d’attirer l’attention sur la phase nouvelle qui me paraît se produire aujourd’hui dans l’histoire de la paralysie générale. Après avoir traversé trois périodes successive très distinctes, l’histoire de cette maladie, l’une des plus grandes découvertes du siècle dans notre spécialité, me paraît aujourd’hui entrée dans une quatrième période. Il me semble bien évident, en effet, que malgré le vif désir que nous avons tous de conserver intact le dépôt de l’unité morbide de la paralysie générale tel qu’il nous a été confié par nos prédécesseurs, nous ne pourrons pas résister plus longtemps au courant qui nous entraîne, et nous serons obligés d’établir des groupes et des catégories spéciales au milieu de cette immense collection de faits que l’on réunit aujourd’hui sous le terme générique trop vague de paralysie générale des aliénés. Si nous n’arrivons pas, comme le propose le professeur Lasègue, à considérer, dès à présent, la paralysie générale comme un vaste groupe d’affections cérébrales, dans lequel il conviendrait d’établir plusieurs espèces morbides distinctes, au moins devons-nous proclamer que, dans l’individualité morbide appelée aujourd’hui paralysie générale et que nous conservons, avec les caractères communs qui lui ont été assignés par nos maîtres, il convient néanmoins d’établir des distinctions cliniques importantes. Il faut, en un mot, admettre des variétés dans l’espèce, si l’on ne consent pas à créer de nouvelles espèces morbides dans un genre plus étendu. C’est là, selon moi, le véritable progrès qui nous reste maintenant à accomplir pour perfectionner la description de cette maladie, telle qu’elle nous a été léguée par nos devanciers !