Page:Falret - Études cliniques sur les maladies mentales et nerveuses, 1890.djvu/284

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

malades qui présentent surtout cette forme du délire mélancolique, soit seul, soit alternant, à divers intervalles, avec le délire de satisfaction et de grandeur.

Nous avons déjà signalé les caractères spéciaux de ce délire mélancolique survenant dans le cours de la paralysie générale ou dans certaines variétés de cette maladie. Ce qu’il importe d’ajouter, pour compléter la description de cette variété mélancolique, c’est l’indication des caractères physiques concomitants.

Presque toujours, en effet, le délire mélancolique, dans la paralysie générale, coïncide avec des lésions de la nutrition et avec des périodes subaiguës de la maladie. Il semble alors que la méningite chronique, qui est la base anatomique de cette affection, prend momentanément une forme subaiguë qui se manifeste par l’état général de la santé. Ces malades maigrissent d’une façon rapide et arrivent ainsi à un état presque cachectique. Ils refusent alors souvent les aliments, non seulement à cause du délire mélancolique qui fait naître chez eux des idées d’empoisonnement, ou leur fait croire qu’ils n’ont pas de bouche, pas d’estomac ou bien qu’ils ont l’intestin bouché, mais surtout à cause de l’état général de la nutrition qui leur donne un dégoût absolu pour la nourriture, une répulsion invincible et instinctive pour les aliments, surtout pour la viande, absolument comme dans les périodes cachectiques de la diathèse cancéreuse ou du diabète.

Parmi les lésions des fonctions organiques qui existent également dans ces variétés mélancoliques de la paralysie générale avec troubles dans la nutrition, il faut encore noter l’augmentation générale de la température du corps qui est souvent élevée d’un degré au-dessus de l’état normal, avec un ralentissement très remarquable du pouls, comme dans la méningite des adultes ou des enfants, et une température plus élevée au sommet de la tête que dans les autres parties du corps.

J’ajouterai à cette description très abrégée des symptômes physiques de variétés ou de périodes mélancoliques de la paralysie générale, un fait important à noter : c’est l’augmentation très grande de la quantité des urines, une véritable polyurie sans sucre, mais souvent avec excès d’urée, ou azoturie. Ces symptômes, qui se lient à la période subaiguë ou cachectique de la paralysie générale et au