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d’être décrits séparément, comme représentant une variété distincte de la maladie.

Les mêmes réflexions peuvent s’appliquer aux individus atteints de la variété que j’appellerai variété épileptique. Ces malades éprouvent souvent, pendant plusieurs années, des attaques d’épilepsie, se produisant à intervalles assez éloignés, n’entraînant à leur suite que des troubles légers et passagers de l’intelligence, et tellement analogues aux attaques d’épilepsie ordinaire que les cliniciens les plus exercés s’y trompent, et regardent ces malades comme atteints d’épilepsie et non de paralysie générale. Tous les médecins spéciaux ont observé des cas de ce genre. Mais le Dr Billod a surtout appelé l’attention sur ces faits intéressants, et il a publié plusieurs observations de malades, considérés d’abord comme affectés d’épilepsie simple, et qui plus tard sont devenus de véritables paralytiques généraux.

Il existe du reste, dans la science, un cas remarquable sous ce rapport : c’est celui du comte Chorinski, devenu l’objet d’un procès célèbre en Allemagne et sur lequel le Dr Morel, de Saint-Yon[1], avait exprimé, devant les assises de Munich, une opinion, contredite alors par la plupart des médecins allemands, mais qui a été confirmée depuis par la marche de la maladie. Il l’avait considéré comme un aliéné atteint d’épilepsie larvée. Or l’observation ultérieure, ainsi que l’autopsie, ont démontré qu’après avoir présenté les symptômes de l’épilepsie larvée, ce malade a parcouru toutes les phases successives de la paralysie générale la mieux caractérisée, ainsi qu’il est facile de s’en convaincre en lisant le travail publié par le Dr Hagen sur ce malade, avec son observation détaillée depuis sa naissance jusqu’à sa mort.

Une nouvelle variété qu’il convient encore de signaler, dans la description de la paralysie générale, c’est la variété mélancolique.

Non seulement la mélancolie s’observe fréquemment comme premier stade de la maladie, dans la variété commune ou expansive de la paralysie générale, (ainsi que cela a été constaté par un grand nombre d’observateurs), mais l’état mélancolique se produit assez souvent dans le cours de la maladie. Il est même une catégorie de

  1. Morel, le Procès Chorinski.