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paralytique, toujours incurable et marchant régulièrement et progressivement vers la démence de plus en plus prononcée et vers la mort.

Eh bien ! on ne peut nier que ces quatre éléments nouveaux, introduits depuis vingt-cinq ans environ dans la description de la paralysie générale, ont singulièrement modifié l’histoire de cette maladie.

Voilà une affection que l’on considérait, à l’époque où elle a été découverte, comme ayant des caractères physiques et moraux toujours les mêmes et dont on avait basé la description sur une seule de ses formes, sur la forme la plus commune et la plus fréquente, la forme expansive, qui avait servi de type aux observateurs. On la représentait alors comme toujours et régulièrement progressive dans sa marche ; comme n’étant jamais susceptible de rétrograder ni de guérir ; comme marchant toujours à pas lents, mais fatalement et régulièrement de la monomanie à la manie, et de la manie à la démence, pour arriver enfin à la paralysie de plus en plus complète et généralisée et à la mort. Eh bien, cette maladie qu’on croyait autrefois si uniforme dans ses symptômes et dans sa marche, se trouve renfermer aujourd’hui, sous un même nom et dans une même unité morbide, des états pathologiques tellement différents, par l’ensemble de leurs symptômes et par leur marche, que l’on en arrive à se demander, non pas si cette unité morbide, constituée par nos devanciers, doit être détruite pour en faire des maladies différentes, mais s’il ne conviendrait pas d’admettre, dans cette espèce morbide, qui comprend des états symptomatiques si divers, des variétés distinctes, susceptibles d’une description particulière, tout en conservant les caractères généraux de l’espèce morbide elle-même ?

Il me paraît donc intéressant de rechercher quelles sont les variétés cliniques que nous commençons à entrevoir dans l’histoire de la paralysie générale, sans toutefois les proclamer comme définitives, et d’en tenter ici une description très abrégée.

Comme première variété, nous devons mentionner d’abord la plus anciennement connue, la paralysie générale progressive, dite sans délire, telle qu’on l’observe dans les hôpitaux ordinaires.

Pendant plusieurs années ces malades, qui présentent tous les symptômes physiques de la paralysie générale progressive et incom-