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nombreuses qui existent entre les délires généraux et les délires partiels, analogies qui souvent, rendent toute distinction impossible entre ces deux espèces de maladies mentales. Ces analogies sont si grandes, en effet, que le même fait peut à volonté être classé, par divers auteurs et selon les moments, dans l’une ou dans l’autre de ces deux catégories.

Cherchons maintenant à prouver que l’on réunit, sous le nom de mélancolie et sous celui de monomanie, les faits les plus disparates qui ne devraient, à aucun titre, figurer dans la même classe, au point de vue d’une classification régulière.

Mélancolie. — La mélancolie, c’est-à-dire l’aliénation partielle avec tristesse et dépression, paraît, à première vue, une espèce de maladie mentale assez naturelle. On se représente le mélancolique dans l’immobilité, dans la torpeur physique et morale, absorbé dans la contemplation d’idées pénibles, et l’on croit embrasser dans ce tableau général le plus grand nombre des faits d’aliénation partielle avec tristesse. C’est là en effet un type mieux caractérisé que beaucoup d’autres. Mais combien il est loin cependant de répondre aux véritables exigences de la science ! En étudiant avec soin les diverses catégories d’aliénés compris sous ce titre générique de mélancoliques, on ne tarde pas à découvrir, en effet, les différences profondes qui existent entre eux, et qui réclameraient une distinction fondamentale, au point de vue d’une classification naturelle. Sans entrer dans la description détaillée des différentes variétés de la mélancolie, nous pouvons indiquer rapidement quelques-unes des divisions principales que l’on pourrait établir, dès à présent, au milieu de ce groupe beaucoup trop vaste pour ne comprendre que des faits de même nature.

Il est des mélancoliques qui représentent réellement le type le plus prononcé de cette maladie. Plongés dans une véritable torpeur physique et morale, ils passent des journées entières dans le mutisme et dans l’immobilité la plus absolue, la tête baissée, les yeux fixés à terre, le regard morne et terne, la peau sèche, la circulation ralentie, les extrémités bleuâtres et froides ; souvent même, à un degré plus avancé, la salive s’écoule de leur bouche, et ils laissent aller sous eux involontairement leurs déjections. Ces malades, dans cet état d’immobilité et de ralentissement de toutes les fonctions