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ascendants ont été atteints de diverses formes de maladies mentales ou nerveuses.

Un second fait, ajouté également depuis vingt ans à l’histoire de la paralysie générale, est relatif aux rémissions très prononcées qui peuvent se produire pendant son cours. Autrefois tous les auteurs admettaient que cette maladie une fois commencée était régulièrement progressive, sans interruption, jusqu’à la mort. Aujourd’hui, par suite d’un grand nombre d’observations recueillies par les auteurs les plus différents, on sait qu’il peut survenir dans son cours des rémissions plus ou moins prolongées, et que ces rémissions ne constituent pas seulement une variation de degré dans l’intensité des divers symptômes, mais représentent des différences tellement considérables dans l’état général des malades qu’elles peuvent arriver jusqu’à simuler la guérison. M. Baillarger, par exemple, se basant sur l’existence de ces rémissions, en est arrivé à admettre que la paralysie générale était susceptible de guérison. Mais quelle que soit l’interprétation donnée à ces faits, l’existence de ces rémissions très notables et très prolongées est maintenant un fait démontré. Et ces rémissions, qui peuvent être de plusieurs mois, et même de quelques années, ont acquis par cela même une grande importance, surtout au point de vue médico-légal.

Un troisième élément s’est encore introduit dans la description de la paralysie générale depuis vingt ans. Il est relatif à l’existence du délire mélancolique dans cette maladie qui semblait, autrefois surtout, caractérisée par le délire expansif et par le délire ambitieux. Ce fait avait déjà été mentionné, dès l’origine, par Bayle et Calmeil, mais d’une manière tout à fait accessoire, et ces auteurs n’y avaient pas insisté, de même que leurs successeurs. C’est à M. Baillarger que revient l’honneur d’avoir attiré l’attention sur le délire mélancolique dans la paralysie générale. Non seulement il a établi (ce qui était déjà admis par quelques auteurs) que toute paralysie générale, de forme expansive, débute ordinairement par un stade mélancolique, ce qui est déjà un fait clinique important ; mais il y a ajouté cet autre fait plus important encore, que le délire mélancolique peut survenir à d’autres périodes de la maladie. Il ne consiste pas alors seulement dans des idées de ruine, d’empoisonnement ou de persécution, (comme dans d’autres états mélancoliques), mais dans des