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moi-même ma thèse pour le doctorat[1]. Depuis lors une nouvelle évolution s’est faite dans l’histoire de cette maladie ; c’est celle sur laquelle il importe surtout d’insister aujourd’hui. De nouveaux faits très importants sont venus s’ajouter à l’histoire de cette affection, et ces faits, nouvellement observés, ont singulièrement modifié sa description.

Le premier de ces faits d’observation est relatif à la durée de la maladie. On l’avait d’abord fixée à six mois ou un an. Plus tard on était arrivé à admettre qu’elle pouvait se prolonger pendant trois ans. Mais les observations nouvelles, que l’on a collectionnées depuis plus de vingt ans, ont conduit à étendre singulièrement la durée de cette affection. On a même publié les faits tendant à démontrer qu’elle pouvait se prolonger pendant dix, douze, quinze et même vingt ans ! En un mot, tous les auteurs admettent aujourd’hui que cette maladie peut avoir une durée beaucoup plus longue que celle qui lui avait été attribuée par les premiers observateurs.

Ce fait général ne s’explique pas seulement par la longueur plus grande des premières périodes de la maladie, qui ont été mieux étudiées depuis une vingtaine d’années, et qui avaient échappé à l’attention des premiers observateurs ; il s’explique surtout par la nature spéciale de certaines variétés de cette affection. M. Doutrebente, à la suite du Dr Morel, son maître[2], avait déjà mentionné ce fait général, que la paralysie générale, survenant chez des individus ayant des aliénés dans leur famille, avait une plus longue durée que celle qui se produisait chez des personnes non prédisposées à la folie. M. le Dr Camille Lionet[3] a repris cette opinion et il a cherché à démontrer qu’il existait un rapport étroit entre la pathogénie et les variétés de marche de la paralysie générale. Sans insister ici sur ce point spécial de l’histoire de cette maladie, je crois pouvoir poser en principe que les paralysies générales dont la durée est la plus longue sont celles qui sont liées à l’hérédité morbide, et qui surviennent chez des individus dont les

  1. J. Falret, Recherches sur la folie paralytique et les diverses paralysies générales. Thèse. Paris 30 mai 1853. — Voyez p. 56.
  2. Dr Doutrebente, Thèse de Paris.
  3. Dr Camille Lionet, Thèse de Paris, 1877.