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analogue à celui de la première période de la folie paralytique.

Je pense, quant à moi, qu’une science plus avancée permettra de découvrir (même dans ces cas difficiles) des moyens de diagnostic entre ces diverses variétés de délire, en apparence identiques et que la spécialité du délire des paralytiques sortira triomphante de cette épreuve décisive. Néanmoins, je veux bien admettre qu’il est quelques cas exceptionnels dans lesquels il est difficile de distinguer, dans l’état actuel de la science, si un état maniaque avec prédominance d’idées de grandeurs appartient réellement à la paralysie des aliénés, ou bien à d’autres formes de maladies mentales. Mais que peut-on conclure d’une pareille exception ? Est-ce sur des faits aussi rares qu’on peut se baser pour contester l’unité de la maladie et la valeur diagnostique et pronostique du délire spécial ? Cela ne prouve absolument qu’une seule chose, selon moi, c’est que ce délire n’est pas constant et qu’il n’est pas pathognomonique, mais cela ne prouve nullement qu’il ne soit pas un caractère important de cette affection et que lorsqu’on le rencontre, avec ses caractères spéciaux, on ne doive pas affirmer l’existence de la paralysie générale comme très probable. Cela prouve seulement qu’un signe unique n’est jamais suffisant pour caractériser une maladie, quelque valeur qu’il ait d’ailleurs par lui-même. Ce délire spécial est relativement à la paralysie générale ce qu’est l’hémoptysie par rapport à la phtisie et l’albuminurie par rapport à la maladie de Bright. Sans doute ces symptômes peuvent se rencontrer dans d’autres affections et ne sont pas rigoureusement pathognomoniques, mais quel est le médecin qui, en les constatant, hésitera à se prononcer sur l’existence de l’une ou de l’autre de ces affections et ne cherchera pas à confirmer son diagnostic par l’examen des autres symptômes qui complètent le tableau de la maladie.

On a bien cherché, il est vrai, à enlever à chacun de ces symptômes l’importance que leur avaient accordée les premiers observateurs. On a prouvé que l’hémoptysie pouvait être due à d’autres affections qu’aux tubercules pulmonaires, de même qu’aujourd’hui on cherche à démontrer que l’état maniaque avec symptômes légers de paralysie générale et prédominance des idées de grandeur spéciales, peut exister sans être lié à la paralysie générale. On a fait le même travail relativement à la maladie de Bright, en prouvant que la présence de