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sion de ses manifestations, et ne pas parler de rechute, c’est-à-dire d’une nouvelle production de la maladie, alors qu’il ne s’agit en réalité que d’un retour prévu de ses symptômes antérieurs.

Mais ces accès de manie avec idées de grandeur ne doivent pas seulement attirer ici notre attention sous le rapport de leur durabilité ; il nous reste à examiner leur valeur comme moyen de diagnostic de la paralysie générale et comme servant à caractériser cette unité morbide.

V. — Objection tirée des accès maniaques avec idées de grandeur,
qui ne se terminent pas par la paralysie générale
.

On observe, dit-on, quelquefois, dans les asiles d’aliénés, des accès de manie avec symptômes de paralysie générale et prédominance d’idées de grandeur, qui se terminent par la guérison et ne sont pas nécessairement suivis des périodes ultérieures de la paralysie générale. On conclut de ce fait que cet état mental particulier, qu’on a cru jusqu’ici caractéristique de la paralysie générale, n’est pas nécessairement lié à cette affection et qu’il peut exister d’une manière indépendante, sous le nom de manie congestive. On enlève ainsi à l’unité de la maladie une de ses bases les plus solides, en cherchant à détruire la valeur du signe tiré de la spécialité de son délire. Je reconnais volontiers que le délire des grandeurs n’est pas un signe pathognomonique de cette affection. Il manque dans un assez grand nombre de cas, depuis le début jusqu’à la fin de la maladie, soit sous la forme de simple satisfaction générale, soit sous celle plus tranchée de délire de fortune et de puissance. Dans d’autres cas, il n’existe que pendant peu de temps, à une certaine période, et peut ainsi passer inaperçu. Dans d’autres circonstances, enfin, après avoir existé à une certaine période, il est remplacé par des conceptions délirantes d’un ordre tout différent. Ces conceptions sont, selon moi, aussi caractéristiques de cette affection, quoique d’une nature précisément inverse ; je les ai signalées en passant, dans ma thèse, parmi les diverses idées absurdes que présentent ces malades ; M. Baillarger y a insisté depuis, d’une manière particulière en les désignant sous le nom de délire hypocondriaque. Ces malades disent alors qu’ils sont morts, qu’ils