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parler des auteurs étrangers), arrivaient au même résultat par des voies différentes.

D’un côté, M. Baillarger, proclamant à son tour cette vérité, qu’il existe un trouble général de l’intelligence dans beaucoup d’aliénations partielles, séparait en deux catégories les faits rangés par Esquirol sous le nom générique de lypémanie ; il faisait passer l’une de ces catégories dans la classe des aliénations générales, en lui conservant le nom de mélancolie, et il laissait l’autre dans l’aliénation partielle, en lui donnant la dénomination de monomanie triste, pour la distinguer des autres espèces de monomanies, tout en l’en rapprochant.

Tandis que M. Baillarger se livrait à ce travail de dissolution de la classification de Pinel et d’Esquirol, M. Delasiauve arrivait parallèlement au même résultat, tout un exprimant l’intention de consolider cette classification, au lieu de la détruire. En créant, en effet, sous le nom de pseudo-monomanies, un genre intermédiaire entre les délires généraux et les délires partiels (basé sur l’existence d’un trouble général au milieu d’un délire en apparence limité à quelques séries d’idées), M. Delasiauve manifestait bien la volonté de conserver ce nouveau genre dans la classe des aliénations partielles, en lui réservant le nom de fausse monomanie ; mais tout en cherchant à creuser plus profondément l’abîme qui sépare les états monomaniaques des états maniaques, il contribuait, au contraire, à le combler, en établissant un genre intermédiaire qui participait à la fois des caractères de l’un et de l’autre.

Les essais faits pour perfectionner la classification de Pinel et d’Esquirol, tout en respectant, en cherchant même à fortifier son principe, nous paraissent donc avoir abouti à un résultat précisément inverse. Ils ont conduit à une conséquence identique, d’autant plus importante à signaler que divers auteurs y sont arrivés en même temps par des voies différentes. Ils ont ébranlé jusque dans ses fondements le principe même sur lequel repose cette classification, qui ne subsiste plus aujourd’hui, après de si rudes atteintes, que parce que, jusqu’à présent, on n’en possède aucune autre qui puisse la remplacer avec avantage.

Nous ne pouvons insister plus longuement ici sur les analogies