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du trouble commençant de son intelligence, il se livre à des excès qui ne lui étaient pas habituels auparavant, à une manière de vivre irrégulière et désordonnée, et commet souvent des actes délirants qui étonnent singulièrement ceux qui en sont témoins, actes qui quelquefois même sont d’une nature plus grave et provoquent son arrestation à une époque où le délire n’est pas encore caractérisé pour nécessiter la séquestration d’une manière absolue. Parmi ces actes nous devons citer surtout l’action de se déshabiller, de s’égarer dans la campagne, de coucher hors de son habitation, de ne pas payer une voiture ou sa consommation dans un café, enfin des vols d’une nature toute particulière faits sans intention et comme par mégarde à une devanture de boutique ou à l’étalage d’un marchand.

Ce sont presque toujours des actes de ce genre qui, à Paris, provoquent l’arrestation des aliénés paralytiques, à cette période de simple suractivité.

Une fois l’excitation cérébrale arrivée à ce degré elle ne tarde pas à augmenter rapidement d’intensité dans l’espace de quelques jours, elle acquiert ainsi les proportions d’une véritable excitation maniaque avec prédominance de conceptions délirantes variées et surtout d’idées de grandeur. On ne peut alors se dispenser de conduire les malades de tout ordre auxquels les exposerait un pareil état maladif.

Nous avons cru devoir esquisser ici rapidement les quatre variétés de début de la folie paralytique. C’était à nos yeux la seule manière de bien préciser l’objection qu’on peut tirer de l’existence de ces variétés contre l’unité de la forme, et le seul moyen de faire comprendre les arguments qu’on peut opposer à cette objection.

Réponse à l’objection tirée des variétés de début. — Ces variétés de début, envisagées séparément, paraissent essentiellement distinctes l’une de l’autre, et il semble difficile, à première vue, de les rattacher à une seule et même maladie. Mais il ne faut pas oublier que ces variétés, qu’on distingue les unes des autres pour la facilité de la description, offrent entre elles de nombreux points de contact. Pour les caractériser, on se base sur des prédominances de symptômes, mais elles participent toutes plus ou moins des caractères l’une de l’autre. Dans les deux variétés, par exemple, où prédominent les troubles physiques, on constate presque toujours des troubles