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jusqu’à un certain point, avec sa situation de fortune et sa profession, mais ils sont en contradiction avec ses goûts et ses habitudes antérieurs. Tout se modifie, en un mot, dans son caractère, dans sa conduite, dans sa manière de vivre ; il acquiert ainsi progressivement tous les caractères de la variété expansive dont nous parlerons tout à l’heure. Souvent alors d’une manière très brusque ou presque tout à coup on voit survenir chez ces malades qui ne présentaient alors qu’une activité exagérée et presque fébrile, on voit survenir, dis-je, le délire maniaque le plus prononcé avec prédominance d’idées de grandeur gigantesques et absurdes. Cette variété de début vient donc se confondre, comme les précédentes, avec la forme type de la maladie décrite par tous les observateurs et dont nous allons rapidement esquisser quelques traits sous le nom de variété expansive. Nous insisterons très peu sur cette dernière variété qui est cependant la plus fréquente, parce qu’elle est connue de tous et que nous ne faisons pas ici une description de la maladie, mais un examen critique des objections que l’on peut adresser à sa constitution comme affection spéciale.

Variété expansive. — Les paralytiques qui se présentent dès le début de leur affection sous la forme expansive ont été ordinairement pendant toute leur vie des hommes actifs, entreprenants, téméraires, joignant une grande bienveillance à un caractère irritable et violent par boutades.

Lorsque ce caractère vient à s’exagérer par l’effet de la maladie, il est alors difficile de préciser exactement le moment du début.

Cependant, à un certain moment, cette activité devient tellement exagérée qu’elle dépasse toutes les limites de l’état normal. Le malade est sans cesse en mouvement, ne se donne pas un instant de repos, éprouve un sentiment de force et de bien-être exagéré, ne dort presque pas et conçoit les projets les plus variés qu’il veut réaliser à l’instant même. Ces projets ne sont pas encore tout à fait irréalisables et peuvent se justifier jusqu’à un certain point dans la position où se trouve le malade, mais ils sont contraires à ses goûts antérieurs et sont du reste difficiles à exécuter. En même temps ce malade devient plus violent, plus irritable, ne supporte plus les contradictions et est disposé à se porter à des actes de violence instantanés envers les personnes qui l’entourent. Sa conduite se ressent