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quelques jours une hémiplégie incomplète qui va graduellement en diminuant d’intensité, à mesure que l’on s’éloigne de l’attaque, mais qui peut se reproduire après l’attaque suivante avec les mêmes caractères. Cette hémiplégie n’est ni complète ni longtemps persistante au même degré, ce qui permet, en général, de la distinguer de celle de l’hémorragie cérébrale.

L’intelligence s’affaiblit aussi à la suite de ces congestions comme les mouvements : mais de même que la lésion de la motilité présente de grandes différences de degré selon les moments, de même la faiblesse et le trouble de l’intelligence varient beaucoup d’intensité selon les instants où l’on observe les malades, et selon qu’ils sont plus ou moins éloignés d’une attaque congestive. Dans certains instants, en effet, on constate un très grand affaiblissement de la mémoire et des autres facultés ; dans d’autres, au contraire, les facultés intellectuelles paraissent tellement avoir repris leur activité primitive qu’on pourrait croire le malade atteint d’une paralysie générale sans délire, et qu’il faut une observation attentive pour constater, comme dans la variété précédente, la persistance de la faiblesse ou du trouble des facultés à un certain degré. Ordinairement cependant, après chaque nouvelle congestion l’intelligence baisse de plus en plus et revient plus difficilement au niveau où elle était auparavant. Cet état peut persister à ce degré pendant un certain temps. On peut observer ainsi un certain nombre de congestions suivies d’aggravation subite dans tous les symptômes, puis d’améliorations successives. Mais, en général après deux ou trois congestions de ce genre, les symptômes de la maladie deviennent plus évidents, la démence se caractérise de plus en plus et s’accompagne d’un trouble persistant des facultés intellectuelles, de conceptions délirantes variées, souvent enfin de paroxysmes d’excitation maniaque. En un mot, la maladie revêt peu à peu tous les caractères habituels de la paralysie des aliénés, et l’on est alors contraint de conduire le malade dans un asile. C’est ainsi que cette variété congestive comme la précédente aboutit en définitive à une maladie identique malgré la différence du début.

Variété mélancolique. — Après les variétés caractérisées par la prédominance des symptômes physiques sur les symptômes intellectuels, nous arrivons à celles qui sont surtout remarquables par les