Page:Falret - Études cliniques sur les maladies mentales et nerveuses, 1890.djvu/258

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

années, en augmentant très lentement d’intensité. Mais ordinairement, au bout de quelques mois, le délire devient de plus en plus manifeste, alors tout à coup, parfois même dans l’espace d’une nuit, éclate chez ces malades un délire maniaque très intense avec prédominance d’idées de grandeur multiples et gigantesques, qui force à les conduire dans une maison d’aliénés et leur donne tous les caractères habituels des autres paralytiques observés dans les asiles. Dans d’autres cas enfin le délire devient également de plus en plus intense, mais au lieu de faire brusquement explosion sous la forme maniaque, il revêt petit à petit les caractères de la démence accompagnée de satisfaction générale avec prédominance de quelques idées de bonheur et de fortune moins gigantesques, plus tard enfin avec paroxysmes d’agitation plus ou moins intenses.

Variété congestive. — À côté de cette première variété de début que nous caractérisons plus spécialement par le mot de variété paralytique, nous placerons une seconde variété que nous appelons variété congestive et dans laquelle les troubles physiques prédominent également sur les troubles intellectuels.

Dans cette variété de début, les malades présentent le même aspect que ceux qui sont atteints de diverses affections cérébrales autres que la folie. La congestion, sous ses diverses formes, est le fait dominant. Les malades éprouvent de temps en temps des attaques, avec ou sans perte de connaissance, attaques simplement congestives ou même convulsives. Ces attaques sont ordinairement faibles ou de courte durée, mais elles peuvent aussi être très intenses.

Elles ressemblent alors complètement, soit à une attaque apoplectique, soit à une attaque épileptique, ce qui rend quelquefois le diagnostic très difficile, et ce qui fait dire plus tard que la paralysie générale a succédé à l’apoplexie ou à l’épilepsie tandis que son début avait simplement été signalé par des attaques apoplectiformes ou épileptiformes. Ce qui distingue ces attaques de celles avec lesquelles on pourrait les confondre c’est qu’elles laissent ordinairement dans le physique et dans le moral des traces plus profondes et plus persistantes que celles qui succèdent, soit aux congestions cérébrales, soit aux accès d’épilepsie.

La parole reste longtemps embarrassée, les mouvements des membres deviennent difficiles, quelquefois même il existe pendant