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tesse dans les mouvements des mains ; par exemple, ils ne peuvent plus écrire, dessiner, toucher du piano, boutonner et déboutonner leurs vêtements, ni même exercer leur profession lorsqu’elle exige des mains un travail minutieux et délicat. Ils trébuchent en marchant contre le moindre obstacle qui se présente sous leurs pas, marchent en sautillant, d’une manière saccadée, d’un pas mal assuré ; ils se fatiguent plus facilement qu’autrefois, éprouvent de la difficulté à monter et à descendre les escaliers. Tous leurs mouvements, sans être considérablement affaiblis, ont perdu leur précision, sont devenus irréguliers et mal coordonnés. Ils sont atteints en un mot d’une paralysie incomplète, générale et progressive qui se rapproche davantage des tremblements nerveux, et même de la chorée que des véritables paralysies complètes ou presque complètes que l’on observe dans d’autres affections du cerveau, de la moelle et du système nerveux. Ce tremblement général des mouvements, qui commence d’une manière presque insensible et augmente lentement et graduellement d’intensité, est accompagné, dès son début, d’un embarras particulier de la parole, tout à fait analogue à celui qui existe dans les autres variétés de début de la paralysie des aliénés. Ordinairement, on constate chez ces malades des maux de tête peu intenses, quelques étourdissements, souvent une inégale dilatation des pupilles, fréquemment aussi de l’impuissance des organes génitaux, quelquefois encore, il survient de loin en loin, dès cette époque, de l’incontinence des urines.

Les malades, à cette période, ont presque toujours conscience de leur état, et de la gêne qu’ils éprouvent pour parler et pour se mouvoir. Ils s’en préoccupent constamment et s’en affligent d’autant plus que cet état les empêche de continuer l’exercice de leur profession. Ils racontent avec complaisance au médecin les divers détails de leur affection, et paraissent, à première vue, jouir de la plénitude de leurs facultés intellectuelles. L’absence complète du délire peut donc exister quelquefois à cette période. Il est quelques malades en effet chez lesquels on chercherait vainement à en découvrir la moindre trace ; mais, dans l’immense majorité des cas, la faiblesse ou le trouble de l’intelligence sont assez faciles à constater et s’ils échappent au médecin qui se livre une seule fois à un examen superficiel, ils sont manifestes pour les personnes qui vivent constamment