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trop aujourd’hui que cette maladie se développe toujours d’une manière identique sous la forme expansive qui a d’abord servi de type à la description. C’est en effet la variété de début la plus fréquente, mais pour la vérité de la description comme pour éviter les erreurs de diagnostic faciles à commettre dans sa première période, il importe de proclamer que ce n’est pas là la seule forme de son début, et il faut décrire les autres variétés avec autant de soin que celle qui a servi de base à l’étude des premiers observateurs. Ce qui a surtout induit en erreur à cet égard, c’est que ces premières périodes s’écoulent ordinairement dans le monde ou dans la famille. On est donc souvent obligé de les reconstituer après coup, lorsque la maladie est plus avancée, à l’aide des comptes rendus faits par les parents. La variété expansive, au contraire, plus rapide dans son développement, entraîne plus vite des actes désordonnés ou nuisibles qui forcent à placer les malades dans les asiles d’aliénés et les amène ainsi plus tôt sous les yeux des médecins spécialistes. Mais aujourd’hui que l’on observe dans tous les asiles un nombre considérable de paralytiques, on peut se convaincre facilement que la maladie débute souvent d’une tout autre façon. Il devient dès lors intéressant d’indiquer avec soin ces diverses variétés de début.

Variété paralytique. — Certains paralytiques destinés à devenir plus tard semblables à ceux que l’on trouve dans les asiles d’aliénés, se présentent d’abord à l’observation, et souvent pendant longtemps, sous une forme bien différente de celle que les médecins aliénistes se sont habitués à considérer comme le type unique du début de cette affection. Ce sont les malades que l’on dit aujourd’hui atteints de paralysie générale sans délire, mot impropre dans la plupart des cas, car presque toujours il existe chez eux des traces évidentes de délire, ou du moins de débilité intellectuelle, mais le trouble de la motilité prédomine tellement chez ces malades sur celui de l’intelligence, qu’il fixe seul l’attention, et qu’il faut un observateur exercé et attentif pour découvrir dans ces cas les premières nuances de lésion des facultés intellectuelles. Ces malades s’aperçoivent eux-mêmes peu à peu que leurs mouvements deviennent irréguliers, tremblants et n’ont plus le degré de précision nécessaire. Ils laissent tomber de temps en temps les objets qu’ils tiennent à la main ou ne peuvent plus se livrer à certains exercices qui exigent de la délica-