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affections connues, et ne peuvent être considérés comme un début réel de paralysie des aliénés ; enfin dans beaucoup de cas de ce genre, qu’on dit exempts de délire, il est facile à un observateur attentif et expérimenté de découvrir des traces évidentes de débilité ou de trouble des facultés intellectuelles qui permettent de prévoir l’apparition ultérieure d’un délire plus étendu. Du reste, il suffit que le délire se produise tôt ou tard pour que l’on doive considérer ces faits comme appartenant légitimement à cette maladie, en supposant d’ailleurs qu’ils en possèdent les autres caractères. Encore une fois l’absence de l’un des symptômes caractéristiques à l’une des périodes de la maladie ne peut suffire pour exclure des faits de son cadre aux yeux de ceux qui pour la constituer à l’état d’unité distincte tiennent compte de l’ensemble de ses symptômes et non d’un seul signe quelque important qu’il soit.

III. — Objection tirée des diverses variétés de début
de la folie paralytique
.

Une objection plus sérieuse, qui mérite de nous arrêter plus longtemps, est basée sur la diversité très grande que cette maladie présente dans ses débuts et dans toutes les périodes de son évolution.

« Comment ranger dans la même unité morbide, nous dit par exemple M. Baillarger, des aliénés qui s’offrent à nous, pendant toute la durée de leur affection, sous la forme d’une simple démence calme, sans aucune agitation, et ceux qui se présentent, au contraire, sous les apparences d’une excitation maniaque si intense et si prolongée qu’il n’est pas dans nos asiles de malades plus agités et plus difficiles à contenir ? »

Loin de redouter cette objection, qui est sérieuse et mérite un examen approfondi, nous la formulerons d’une manière plus complète encore. Nous croyons, en effet, que la paralysie générale présente, à son début, quatre variétés de marche bien distincte, variétés que nous devons indiquer ici en abrégé, avant de montrer comment elles peuvent se fondre dans l’unité générale de la maladie. Ces variétés de début sont, selon nous, au nombre de quatre, deux dans lesquelles prédominent les symptômes physiques et deux qui sont surtout caractérisées par des troubles intellectuels. On s’imagine