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arriver par exemple pour des hémorragies cérébrales, des ramollissements du cerveau ou des tumeurs encéphaliques, se produisant chez des individus atteints depuis longtemps d’aliénation mentale ;

2oLa paralysie des aliénés, ou folie paralytique, n’étant pas constituée pour nous à l’état d’individualité morbide, à l’aide du seul symptôme paralysie, nous admettons volontiers que, dans certains cas, cette maladie peut se présenter d’abord sous la forme maniaque sans traces appréciables de paralysie, de même qu’il est des cas également exceptionnels où la paralysie se montre seule dès le début. Sans être accompagnée de délire, mais de ce que l’un des symptômes essentiels manque dans la première période, il ne s’ensuit nullement que la maladie n’existe pas, comme individualité distincte, pourvu que le signe qui lui fait défaut dès le début, se produise tôt ou tard avec ses caractères spéciaux ; car, à nos yeux, cette maladie doit reposer sur l’ensemble de ses symptômes envisagés dans tout son cours et non sur un seul phénomène ou sur l’observation d’une seule période. Ces deux ordres de considérations nous paraissent très importants pour atténuer la valeur des faits de paralysie générale rapportés comme compliquant un état de folie antérieure ; ils nous autorisent, ce nous semble, à conclure que ces faits exceptionnels ne sont pas une objection suffisante contre l’existence de la folie paralytique considérée comme forme distincte de maladie mentale, depuis son début jusqu’à sa terminaison.

II. — Objection tirée de l’existence d’un certain nombre de faits
de paralysie générale sans délire
.

Une autre objection contre l’unité de la maladie peut être tirée de l’existence d’un certain nombre de faits de paralysie générale sans délire. Comment, dira-t-on, faire figurer dans cette maladie des cas dans lesquels des symptômes physiques existent seuls pendant longtemps sans être accompagnés d’aucun trouble des facultés intellectuelles, alors que le délire doit être considéré comme un caractère essentiel de la paralysie des aliénés ? À cela nous répondons d’une part, ces faits de folie paralytique existant pendant longtemps sans délire sont plus rares qu’on ne le dit aujourd’hui ; d’autre part, plusieurs faits classés sous ce nom doivent être répartis dans diverses