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la paralysie générale chez des aliénés anciennement placés dans leurs asiles. Ainsi donc, loin d’admettre, comme on le croyait autrefois, que la paralysie générale est une terminaison habituelle des folies anciennes, tout le monde admettra, avec nous, que ce fait est au moins très rare, et que, dans le plus grand nombre des cas, les symptômes de paralysie peuvent être constatés dès l’entrée des malades dans les asiles.

M. Delasiauve croit, il est vrai, que la paralysie générale peut se produire, à titre de complication, chez des individus placés depuis plusieurs années dans les asiles, mais il reconnaît que cette paralysie est d’une nature particulière par ses symptômes et par son mode de développement. Nous prenons acte avec plaisir de cet aveu, qui nous paraît un pas de plus fait vers l’opinion que nous soutenons. Parchappe a cité également[1] quelques exemples peu nombreux de paralysie générale survenant comme complication dans des aliénations anciennes. Nous n’avons certainement pas l’intention de contester de pareils faits constatés par un observateur aussi compétent, mais il nous accordera que ces faits sont relativement rares. Nous laissons à l’avenir le soin de nous éclairer définitivement sur la nature réelle de ces faits, que nous considérons comme très exceptionnels. Ce que nous tenons surtout à constater, c’est que dans l’immense majorité des cas, la paralysie générale des aliénés est caractérisée, dès l’entrée des malades dans les asiles, aussi bien par ses symptômes physiques, que par ses symptômes intellectuels, et que par conséquent les faits plus ou moins analogues de paralysie générale se produisant dans les aliénations anciennes sont des exceptions très rares, qui ne peuvent infirmer la règle générale et qui ne doivent pas empêcher de considérer la folie paralytique comme une maladie spéciale dès son début et distincte des autres formes de la folie. À l’appui de cette opinion, nous devons encore ajouter deux ordres de considérations :

1oIl peut survenir dans des folies anciennes des paralysies généralisées, dues à d’autres lésions, accompagnées d’autres symptômes et ayant une autre marche que la maladie qui mérite seule le nom de folie paralytique. Or, ces faits ne doivent pas être confondus avec elle par suite de l’analogie d’un seul symptôme. C’est ce qui peut

  1. Parchappe, Traité de la folie ; Paris, 1841.