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VI

LA PARALYSIE GÉNÉRALE EST UNE FORME SPÉCIALE
DE MALADIE MENTALE[1]

― 1858 —

La paralysie générale des aliénés est une individualité morbide, caractérisée par ses lésions anatomiques, par ses symptômes physiques, par la spécialité de son délire et par sa marche. Telle est l’opinion exposée ici dogmatiquement par Parchappe, défendue par Delasiauve, que j’ai moi-même adoptée dans ma thèse[2] et que je viens soutenir de nouveau dans cette enceinte contre les objections qui tendraient à l’ébranler ou à la détruire, si l’on ne s’efforçait de les combattre.

I. — Objection tirée des faits dans lesquels la paralysie générale survient
comme complication des aliénations anciennes
.

La première objection que l’on peut adresser à cette opinion, est la suivante : la paralysie générale peut survenir, dit-on, à titre de complication dans les folies anciennes, comme le professait Esquirol ; par conséquent, ce symptôme ne peut servir à caractériser une espèce de folie distincte de toutes les autres, depuis son début jusqu’à sa terminaison.

À cette objection nous répondons d’abord par le témoignage d’Esquirol lui-même, qui avoue[3] que les aliénés qui meurent dans les asiles avec les symptômes de la paralysie générale, présentaient tous, dès leur entrée dans l’hospice, ou peu de temps après, de légers indices de cette affection. Nous en appelons également à l’observation de tous les aliénistes qui reconnaîtront qu’ils ont rarement constaté

  1. Discours prononcé à la Société médico-psychologique, le 26 juillet 1858.
  2. J. Falret, thèse de doctorat, et plus haut, p. 56.
  3. Esquirol, Maladies mentales ; Paris, 1838.