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Duchenne de Boulogne a donc le mérite d’avoir découvert les caractères qui permettent de distinguer ces faits nouveaux de paralysie générale avec atrophie de ceux qui appartiennent soit à l’atrophie musculaire proprement dite, soit à la paralysie des aliénés ; mais les dénominations par lesquelles il a désigné ces faits particuliers, ne nous paraissent pas bien choisies. Ainsi, d’une part, le nom de paralysie spinale tend à faire admettre une maladie de la moelle épinière dont l’existence n’est rien moins que prouvée ; d’autre part, le mot paralysie générale sans aliénation établit entre les faits de Duchenne et ceux décrits par d’autres auteurs un rapprochement ou plutôt une confusion regrettable, puisque l’atrophie musculaire caractéristique de la paralysie spinale de Duchenne manque complètement dans les paralysies sans délire admises par d’autres auteurs comme distinctes de celle des aliénés.

En résumé, de l’examen comparatif auquel nous venons de nous livrer, relativement aux différents faits réunis aujourd’hui sous le nom de paralysie générale, nous croyons pouvoir conclure qu’il convient d’admettre parmi ces faits quatre catégories principales :

1oLa paralysie générale des aliénés, avec ses diverses variétés de début ;

2oLes paralysies générales, de causes et de natures diverses, dues à des affections connues du cerveau, de la moelle ou du système nerveux, et à l’action de différents agents toxiques ;

3oLa paralysie générale progressive sans délire, dont l’existence est encore contestable, comme espèce morbide distincte de toutes les variétés précédentes ;

4oEnfin, la paralysie générale accompagnée d’atrophie musculaire, ou paralysie spinale de Duchenne, variété intermédiaire à la maladie précédente et à l’atrophie musculaire progressive décrite par Aran et Cruveilhier.