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diverses reprises, et cessent tout à coup ; une attaque d’hystérie leur donne naissance, une nouvelle attaque les fait disparaître ; elles sont en général accompagnées d’anesthésie et exemptes de troubles intellectuels. La confusion n’est donc guère possible avec la paralysie des aliénés, surtout si l’on ajoute aux signes tirés de la paralysie elle-même ceux qui résultent des autres symptômes de la maladie.

Il n’en est pas tout à fait de même des paralysies épileptiques. L’épilepsie, comme l’hystérie, donne naissance habituellement à des paralysies partielles dont la production se lie à celle des accès convulsifs ; mais, lorsque la paralysie est générale, lorsqu’elle se prolonge pendant longtemps, et qu’elle s’accompagne, comme cela a lieu souvent, de trouble dans les facultés intellectuelles, l’erreur devient d’autant plus difficile à éviter que certaines paralysies des aliénés présentent de fréquentes attaques épileptiformes qui ressemblent complètement à des attaques épileptiques véritables. Dans ces cas difficiles, on ne peut arriver à un diagnostic exact qu’en comparant attentivement tous les caractères physiques et moraux propres à chacune de ces affections, et surtout en tenant grand compte des différences essentielles qu’elles présentent dans leur marche.

Les paralysies générales dues à l’action lente et continue des boissons alcooliques présentent encore de plus grandes analogies avec la paralysie des aliénés, et, dans certains cas, l’erreur est presque inévitable. Nous ne pouvons entrer ici dans le détail des signes différentiels qui peuvent servir à distinguer les paralysies générales alcooliques de celle des aliénés[1]. Nous devons nous borner à dire que dans ces cas le tremblement est habituellement très prononcé ; la paralysie est ordinairement prédominante dans les extrémités des membres supérieurs et inférieurs ; elle est accompagnée de fourmillements, de crampes, de douleurs, et d’anesthésie ; il y a en général des troubles de la vue, et lorsqu’il existe du délire, il est temporaire, de nature craintive, et caractérisé surtout par des hallucinations de la vue et des visions effrayantes ; la marche de tous ces accidents est plus variable, moins continue, que celle de la paralysie des aliénés et en rapport avec la fréquence des accès alcooliques ; enfin, il survient quelquefois, dans le cours de cette affection,

  1. Voir p. 144.