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vraies, acquises aujourd’hui à la science, relativement à ses causes, à son pronostic, à sa marche et à ses lésions anatomiques.

Les diverses tumeurs du cerveau peuvent également produire, dans quelques cas rares, des symptômes analogues à ceux de la paralysie des aliénés. Ordinairement cependant il y a hémiplégie, troubles des sens, céphalalgies intenses et vomissements fréquents ; enfin, conservation de l’intelligence ou simple obtusion des idées, excepté dans les derniers temps de la maladie. Tous ces signes suffisent presque toujours pour établir, pendant la vie, un diagnostic différentiel, qui sera confirmé par l’examen nécroscopique.

Après les maladies du cerveau, qui peuvent devenir causes d’erreur dans le diagnostic de la paralysie générale, viennent les maladies de la moelle qui ont été confondues quelquefois avec elle. En général, néanmoins, cette confusion n’est guère possible. La paralysie est ordinairement bornée aux extrémités inférieures, ou, si elle s’est généralisée, elle a commencé par être partielle, limitée aux membres inférieurs, auquel cas elle a été ascendante dans sa marche. Elle est toujours beaucoup plus complète que dans la paralysie des aliénés, et n’est accompagnée ni d’embarras dans la parole ni de trouble dans l’intelligence, excepté quelquefois dans les dernières périodes de la maladie. Ces signes sont plus que suffisants pour établir un diagnostic, même dans les cas les plus difficiles.

Les paralysies dues à diverses maladies nerveuses ou à certains agents toxiques présentent beaucoup plus d’analogies avec la paralysie des aliénés, surtout lorsque celle-ci ne débute pas par le délire. Dans ces cas, la distinction peut devenir parfois tellement difficile, que le doute est permis dans la pratique ; mais la confusion ne doit jamais être admise en principe ; car ce serait réunir, par l’analogie d’un seul symptôme, les maladies les plus dissemblables par leurs causes, par leur marche, et par leurs lésions.

L’hystérie donne lieu le plus souvent à des paralysies partielles, et plutôt à des anesthésies qu’à des paralysies du mouvement ; néanmoins il existe dans la science des exemples de paralysies générales de nature hystérique, et Landouzy en cite quelques-uns[1]. Ces paralysies sont ordinairement temporaires, se reproduisent à

  1. Landouzy, Traité de l’hystérie ; Paris, 1848.