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cations. On constate bien dans la paralysie des aliénés un certain affaiblissement de la sensibilité, surtout dans les périodes les plus avancées de cette affection, mais il est rarement porté jusqu’au degré d’une anesthésie véritable.

Au point de vue des troubles de la motilité, lorsqu’on observe chez un malade une paralysie générale presque complète, portée au point de déterminer l’impossibilité de marcher ou de remuer les bras, surtout lorsque cette paralysie, complète dans un bras ou dans une jambe, est incomplète dans les autres parties du corps ; lorsqu’on constate l’absence d’embarras dans la parole ; lorsque la paralysie a été ascendante, c’est-à-dire a débuté par les membres inférieurs et s’est étendue progressivement aux parties supérieures du corps ; enfin, lorsqu’il existe de l’atrophie dans une partie quelconque du système musculaire, dans tous ces cas, dis-je, on doit écarter en général l’idée d’une paralysie des aliénés.

Il en est de même encore, sous le rapport des troubles de l’intelligence, quand la perte de la mémoire des mots, des dates ou des noms propres coïncide avec la conservation d’ailleurs presque complète des facultés intellectuelles.

Enfin les vomissements fréquemment renouvelés, les céphalalgies intenses, persistantes, et arrachant des cris aux malades, ainsi que les crampes, les fourmillements, les douleurs vives, les contractures dans les membres, doivent aussi faire éloigner l’idée d’une paralysie générale des aliénés.

Tels sont en abrégé les signes qui, principalement par leur réunion, permettent, dans les cas difficiles, d’établir un diagnostic différentiel entre la paralysie des aliénés et les diverses paralysies générales qui pourraient être confondues avec elle, surtout au début.

Mais, pour mieux faire sentir toutes les difficultés de ce diagnostic différentiel, et pour indiquer les meilleurs moyens d’en triompher, il ne suffit pas d’énoncer ainsi, d’une manière générale, les signes qui permettent d’éviter les erreurs ; nous devons passer en revue les diverses maladies qui peuvent s’accompagner de symptômes de paralysie générale, et signaler pour chacune d’elles les principaux signes différentiels.

Maladies diverses : signes distinctifs. — L’hémorragie cérébrale, lorsqu’elle est nettement caractérisée, ne peut guère être confondue avec la paralysie des aliénés. Mais certains cas passés à l’état chro-