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Nous avons insisté sur les troubles légers de l’intelligence qui existent dès le début de la paralysie des aliénés, afin de prouver que, dans les cas même où le délire est peu évident, cette maladie participe déjà des caractères qu’elle doit revêtir plus tard d’une manière plus complète. Nous avons voulu fournir ainsi une base plus solide au diagnostic différentiel qu’on peut établir entre les diverses maladies connues et ce type nettement déterminé par ses symptômes physiques, par ses lésions, par sa marche et ses symptômes intellectuels. Il était indispensable d’indiquer brièvement sur quels fondements repose ce type primitif, afin de pouvoir partir de ce terme de comparaison, clairement établi, pour rechercher les signes qui le distinguent de toutes les autres affections donnant lieu également à une paralysie plus ou moins généralisée.

Signes différentiels. — Il est quelques signes en effet qui, pris isolément, n’ont pas une valeur diagnostique absolue, mais qui peuvent en acquérir par leur réunion, attendu qu’ils existent rarement dans la paralysie des aliénés, tandis qu’on les observe plus fréquemment dans les autres affections avec lesquelles on pourrait la confondre.

Nous citerons par exemple l’hémiplégie, qui peut sans doute se rencontrer d’une manière temporaire et peu prononcée dans la paralysie des aliénés, mais qui, lorsqu’elle est très marquée et très persistante, doit faire songer de préférence à toute autre affection.

Il en est de même de la paraplégie, ou de la lésion très prédominante des mouvements dans les membres inférieurs, qui peut bien exister au début de certaines paralysies des aliénés, mais qui en général cependant doit faire éloigner l’idée de cette maladie. Les lésions des sens, telles que l’amaurose, la surdité, l’absence de l’odorat, etc., sont dans le même cas ; très fréquentes dans les autres affections cérébrales, elles sont tellement rares dans la paralysie des aliénés qu’il est douteux qu’elles y aient été réellement observées.

Il en est de même encore, quoiqu’à un moindre degré, de l’anesthésie générale ou partielle. Quelques auteurs, de Crozant entre autres, ont signalé, il est vrai, l’anesthésie comme un symptôme précurseur de la paralysie des aliénés. On y observe quelquefois ce symptôme d’une manière temporaire ; mais il est beaucoup plus fréquent dans les autres paralysies générales, par exemple dans les paralysies hystériques ou dans celles produites par diverses intoxi-