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mentale décrite sous les noms de folie circulaire ou de folie à double forme ? Voilà donc deux classes de maladies mentales, supposées essentiellement distinctes, qui non seulement présentent entre elles de nombreux états intermédiaires (participant à un tel point des caractères de l’une et de l’autre, qu’on ne sait dans laquelle des deux on doit les ranger de préférence), mais qui remplissent si peu les conditions exigées pour une forme de maladie vraiment naturelle, qu’elles n’ont aucune marche possible à prévoir, et qu’elles alternent, se remplacent et se succèdent, chez le même malade, pendant tout le cours de son affection !

Délires partiels. — Les aliénés classés aujourd’hui dans la catégorie des aliénations partielles ont-ils entre eux plus d’analogies que ceux que l’on considère comme appartenant à la classe des délires généraux ?

Et d’abord, que doit-on entendre par le mot délire partiel opposé au délire général ? Les deux caractères qui servent à distinguer ces deux genres de malades sont, d’un côté, le calme des mouvements et les apparences de raison, opposées à l’agitation désordonnée des maniaques, et de l’autre, la limitation du délire, dans une sphère assez restreinte de l’intelligence et des sentiments, opposée au trouble beaucoup plus étendu de toutes les facultés que l’on observe dans les délires généraux. Mais ici se présente immédiatement cette question, si souvent posée de nos jours et si diversement résolue : Existe-t-il dans tous les délires partiels, en dehors des séries d’idées délirantes, ou de sentiments altérés, qui prédominent chez ces malades, et sont appréciables par tous à première vue, existe-t-il, dis-je, chez la plupart des aliénés affectés de délire partiel, un état général de trouble qui constitue le fond de la maladie et sur lequel se développent les idées délirantes, qui seules attirent l’attention ?

Cette question peut paraître résolue négativement pour ceux qui croient à l’existence des monomanies, dans le sens rigoureux du mot. Elle l’est surtout pour ceux qui, sans se prononcer sur le degré de fréquence des monomanies vraies, admettent dans les aliénations partielles les lésions isolées de certaines facultés, telles que les lésions de la volonté, de l’attention ou de la mémoire. Pour ces auteurs, la production du délire a lieu, dans l’aliénation partielle,