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observations exceptionnelles ; mais on conviendra que ces faits sont trop rares pour pouvoir être opposés à la masse imposante de ceux qui ont été recueillis par tous et dans tous les pays. Il demeure donc établi que cette maladie s’accompagne presque toujours de lésions cérébrales et méningées appréciables, et assez analogues dans tous les cas, pour se prêter à une description générale, et pour permettre de faire une anatomie pathologique de la paralysie générale des aliénés.

Quelles sont les lésions primitives et les lésions secondaires ? Comment concevoir leur mode de succession et leur importance relative ? Voilà les points sur lesquels il est encore permis de discuter ; mais on ne peut nier l’analogie très grande, sinon la concordance parfaite, des résultats constatés par les divers observateurs.

Bayle[1] a émis l’opinion que la lésion initiale résidait dans les méninges ; il conserve ainsi à la maladie le nom de méningite chronique, qu’il lui avait donné, dès l’origine[2].

M. Calmeil[3], sans se prononcer définitivement sur la subordination à établir entre les diverses lésions de la surface du cerveau, n’hésite pas cependant à admettre que cette maladie a son siège à la fois dans les méninges et dans la substance corticale, et lui donne en conséquence le nom de méningo­périencéphalite diffuse.

Foville pense, il est vrai, que le caractère anatomique de la paralysie des aliénés réside dans l’induration de la substance blanche ; mais cette opinion compte jusqu’ici peu de partisans.

Enfin Parchappe, à la suite de nombreuses autopsies faites pendant quinze ans à l’asile des aliénés de Saint-Yon à Rouen, est arrivé à conclure que, dans la paralysie générale des aliénés, il existe constamment un ramollissement de la substance corticale du cerveau[4].

Ces divergences d’opinion entre des observateurs aussi distingués

  1. Bayle, De la cause organique de la paralysie générale ; 1825.
  2. Bayle, thèse ; Paris, 1822.
  3. Calmeil, De la paralysie considérée chez les aliénés ; Paris, 1823, et Traité des maladies inflammatoires du cerveau ; Paris, 1859.
  4. Parchappe, voir ses divers travaux sur la folie, et en dernier lieu son ouvrage intitulé : Du Siège commun de l’intelligence, de la sensibilité et de la volonté ; Paris,1856.