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jamais aussi complète que dans d’autres affections du système nerveux central ou périphérique.

3oElle est progressive, c’est-à-dire qu’elle augmente lentement et graduellement d’intensité. Le plus souvent, son accroissement a lieu par degrés insensibles depuis le début jusqu’à la mort, non avec une régularité absolue, puisqu’on observe dans sa marche des temps d’arrêt, des périodes stationnaires et même rétrogrades, mais d’une manière à peu près continue, en envisageant la maladie dans l’ensemble de son évolution.

4oElle est toujours accompagnée, dès son début, d’un embarras spécial de la parole. Cet embarras consiste plutôt dans un tremblement des muscles des lèvres et de la langue, dans un effort manifeste pour lancer au dehors certains mots ou certaines syllabes, que dans un véritable bégayement, et surtout que dans une impossibilité presque absolue de parler, comme cela a lieu dans d’autres affections cérébrales.

Si l’on avait toujours présents à l’esprit ces caractères spéciaux de la paralysie des aliénés, on éviterait beaucoup de confusions qui ont lieu journellement entre cette maladie et d’autres affections qui déterminent des symptômes de paralysie généralisée.

Mais la paralysie des aliénés n’est pas seulement caractérisée par un trouble particulier de la motilité. Elle est constituée aussi à l’état d’individualité morbide par ses lésions anatomiques, par sa marche, et par la spécialité de son délire. Ce n’est pas ici le lieu d’approfondir cette étude, mais il est indispensable de l’esquisser, afin de pouvoir opposer ce type nettement déterminé à tous les faits qu’on tend incessamment à confondre avec lui.

On répète à chaque instant que la paralysie générale des aliénés n’est liée à aucune lésion anatomique constante ; que si, dans la plupart des cas, on a découvert des altérations du cerveau ou de ses membranes plus prononcées que dans les autres formes des maladies mentales, aucune d’elles ne peut être considérée comme constante, et ne peut rendre compte de la production de la maladie. On ajoute même que, dans quelques cas, des auteurs très recommandables et très compétents ont constaté l’absence complète de toute lésion du cerveau et de ses membranes. Je n’ai nullement l’intention de contester la véracité ni la science des médecins qui ont publié ces