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ver ainsi plusieurs malades du même genre, les comparer entre eux, et déduire de cette étude les éléments nécessaires pour décrire cette maladie nouvelle, si elle existe, et la différencier de la paralysie des aliénés ? Des difficultés presque insurmontables ont donc empêché jusqu’ici de résoudre la question des paralysies générales avec ou sans délire, dans les termes où elle a été posée.

Mais doit-on persister à la poser dans les mêmes termes ? Le meilleur moyen, selon nous, de faciliter sa solution, c’est de modifier les conditions du problème à résoudre. Au lieu de s’épuiser en vains efforts pour s’assurer si toutes les paralysies générales, observées d’abord sans délire, se terminent, oui ou non, par l’aliénation, il convient de rechercher si des maladies très diverses ne peuvent pas donner lieu à des paralysies générales avec ou sans délire, et s’il n’est pas possible de découvrir entre elles des moyens de diagnostic, basés sur l’ensemble de leurs symptômes et sur leur marche, et non sur la présence ou l’absence d’un seul phénomène.

Dans l’étude des paralysies générales, la question du diagnostic différentiel domine donc aujourd’hui toutes les autres. Pour contribuer à éclairer ce sujet, rendu si obscur par les nombreuses divergences d’opinions qui s’y sont produites, il nous paraît donc utile :

1oDe caractériser nettement la paralysie des aliénés par ses symptômes physiques, par ses lésions anatomiques, par sa marche, et par la spécialité de son délire ;

2oD’opposer ensuite à ce type bien distinct les maladies qui peuvent donner lieu à des symptômes plus ou moins analogues de paralysie générale.

Tel est le but que nous nous proposons dans ce travail.

On s’imagine souvent aujourd’hui que pour caractériser une paralysie générale, il suffit de constater un affaiblissement général plus ou moins prononcé des mouvements, accompagné ou non d’embarras de la parole. Placé à ce point de vue, on publie, sous le nom de paralysie générale progressive, les faits les plus dissemblables appartenant aux maladies les plus diverses, et présentant, dans l’ensemble de leurs symptômes et dans leur marche, les différences les plus importantes. On ne saurait s’élever trop énergiquement contre cette tendance actuelle des esprits, qui aurait pour résultat d’introduire dans cette partie de la science la confusion