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V

DU DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
DES
PARALYSIES GÉNÉRALES[1]

― 1858 —

Dans la revue critique qui précède, j’ai cherché à apprécier les divers travaux publiés sur la paralysie générale, et à exposer l’état de nos connaissances à ce sujet. Je n’ai pas l’intention de revenir aujourd’hui sur les considérations historiques que j’ai présentées à cette époque. Peu de travaux ont été publiés depuis lors, et la question n’a guère changé de face. Cela tient beaucoup moins, selon moi, aux difficultés pratiques qui s’opposent à sa solution, qu’aux termes mêmes dans lesquels elle a été posée. On continue toujours à se demander s’il existe des paralysies générales sans délire, et si ces faits doivent constituer une maladie spéciale, ou bien être considérés comme un mode particulier de début de la paralysie générale des aliénés.

Le problème ainsi posé nous semble devoir rester longtemps insoluble. Pour affirmer, en effet, qu’un malade n’a pas présenté de délire ni de faiblesse intellectuelle depuis le début de sa maladie jusqu’à sa terminaison, il faudrait que le médecin fût placé dans des conditions d’observation toutes spéciales ; il faudrait qu’il ne perdit pas de vue le malade un seul instant, pendant toute la durée de son affection et qu’il fût assez favorisé par les circonstances pour pouvoir assister à sa mort et confirmer, par l’autopsie, le diagnostic porté pendant la vie. Quelques observateurs, dans la pratique privée, ont pu se trouver dans ces conditions particulières ; mais quel est celui qui a pu obser-

  1. Archives générales de médecine, 1858.